Échanges intra-africains : entre rebond et déficit de financement, Ecobank prône des solutions intégrées
(Investir au Cameroun) - Le groupe bancaire panafricain Ecobank réaffirme son engagement en faveur du financement des entreprises pour stimuler les échanges commerciaux sur le continent. L’annonce a été faite le 1er octobre à Douala lors de la première édition de l’Ecobank Trade Expo, un rendez-vous qui a rassemblé dirigeants d’entreprises et investisseurs autour d’une ambition claire : libérer le potentiel commercial africain grâce à des solutions financières adaptées.
« Ecobank Trade Expo est une démonstration puissante de notre détermination à accompagner les entreprises africaines dans leur croissance », a déclaré Gwendoline Abunaw, administratrice directrice générale d’Ecobank Cameroun
et de la zone Cemac. Elle a insisté sur la volonté du groupe bancaire de « briser les barrières qui freinent le commerce africain ».Les chiffres témoignent d’un regain de dynamisme. Selon le rapport sur le commerce africain 2024 d’Afreximbank, les échanges intra-africains ont rebondi l’an dernier pour atteindre 220 milliards de dollars, soit une hausse de 12,5 % par rapport à 2023. Dans le même temps, le commerce total de marchandises du continent a progressé de 13,9 % pour atteindre 1 500 milliards de dollars, effaçant la contraction de 5,4 % enregistrée l’année précédente.
Pourtant, le contraste demeure saisissant : l’Afrique ne représente encore que 3,3 % des exportations mondiales. Et le déficit de financement du commerce, estimé à près de 100 milliards de dollars US, reste un obstacle majeur. Lourdeurs administratives, infrastructures déficientes, régulations bancaires contraignantes, dépendance au dollar et à l’euro, absence d’intégration des systèmes de paiement intra-africains : autant de freins identifiés lors des débats de l’Expo.
Freins réglementaires et défi de crédibilité
Pour Amédée Assomo, directeur général de Corlay Cameroun (filiale du groupe nigérian MRS Holding Ltd, propriétaire de 125 stations-service MRS au Cameroun), l’un des principaux verrous se situe au niveau réglementaire. « Nous avons une banque centrale (BEAC) et une COBAC (régulateur) anachroniques, pas arrimées à l’évolution de la réglementation mondiale. Elles continuent d’exiger une documentation contraignante qui freine la célérité du financement et des importations de carburants au Cameroun », a-t-il dénoncé.
Un constat partagé par Medhi Tanani, directeur régional Afrique centrale de Proparco (filiale de l’Agence française de développement dédiée au secteur privé). Selon lui, ces blocages sont liés à la faiblesse du rating des pays et banques africains, qui plafonne majoritairement autour de la note B, ce qui limite leur capacité à attirer des lignes de crédit internationales. « À cela s’ajoute l’historique limité des crédits des PME et TPE africaines, encore loin des standards internationaux. D’où l’importance de la conformité », a-t-il précisé. Tanani note également les difficultés des banques africaines à accéder à des ressources en devises fortes, alors que la majorité des transactions restent libellées en dollar, euro ou yuan.
Face à ces contraintes, Ecobank met en avant un arsenal de solutions : lettres de crédit, garanties, financements de chaînes d’approvisionnement et d’exportations, sans oublier une innovation baptisée Single Market Trade Up. Cette plateforme de mise en relation entre acheteurs et vendeurs africains compte déjà plus de 12 000 utilisateurs, selon Humprey Ngando, responsable du commerce au sein du groupe bancaire.
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