Marché du poulet: l’urgence de la relance

(Cameroon Tribune) Depuis la récente grippe aviaire, le poulet est moins disponible dans les marchés 
Depuis mai 2016, la grippe aviaire a frappé le secteur avicole, entraînant l’abattage d’un nombre important de poulets, notamment dans la région de l’Ouest, le plus grand bassin de production du pays. Bien que sous-contrôle,
l’épizootie continue de faire des ravages. A Yaoundé par exemple le poulet se fait rare. Dans les marchés de Mvog-Atangana Mballla et du Mfoundi, c’est le calme plat  dans les zones réservées au commerce de la volaille. Certains vendeurs et nettoyeurs sont assis, discutant de sujets d’actualité. Ceux qui ont la chance d’avoir quelques volailles, tentent d’accoster les clientes qui entrent dans le marché. Mais peu ont la chance d’en trouver. Il faut débourser un minimum de 3200 F pour acquérir un petit poulet. Pour les plus gros, il faut prévoir 6000 F ou 8500F. De quoi faire frémir les ménagères, dont le pouvoir d’achat est faible. « Ma famille a une préférence pour la viande du poulet. Mais à cause de l’augmentation du prix de vente, je ne peux plus me permettre d’en acheter », déplore Bernadette Ngoutcheu, ménagère.
L’ambiance est aussi maussade chez les aviculteurs. Toujours du fait de la grippe aviaire, les  coûts des matières premières telles que les poussins d’un jour et les aliments ont eux aussi connu une envolée. En effet, lorsqu’ils sont visibles sur le marché, ces derniers temps, les poussins d’un jour sont vendus à 600  voire 700 F l’unité, contre 300 à 350 F avant l’épizootie. En ce qui concerne les aliments de démarrage ou de finition, il faut prévoir 500 à 2000 F de plus que le prix ordinaire. La ferme d’Yvonne Blaise Ngamgoua, délégué du Gic des aviculteurs du Mfoundi, est vide. « Je n’ai pas les moyens d’acheter une nouvelle bande de poussins. La dernière, constituée de 700 sujets a été décimée par une infection. Pendant la grippe aviaire, le ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia) a abattu 105 poulets dans ma ferme. J’attends vivement d’être dédommagée. Au cas contraire, je ne pourrai pas reprendre mon activité », explique-t-elle.
Les espoirs sont tournés vers le plan de relance récemment élaboré conjointement par l’Interprofession avicole du Cameroun, le Minepia et le Comité de compétitivité, pour un retour à la normale.


 François Djonou: «La solution est d’importer les œufs à couver»
Président de l’Interprofession avicole du Cameroun
Quelles solutions préconisez-vous pour permettre aux acteurs de la filière de supporter les couts des poussins d’un jour et de l’aliment actuellement en hausse ?

Pour le moment, la solution est d’importer les œufs à couver et les poussins des pays non touchés par cette maladie. Le ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales délivre en ce moment suffisamment d’autorisations d’importation pour que la situation redevienne le plus tôt normale. Les importateurs de maïs devraient également faire des commandes pour satisfaire la demande qui est actuellement très importante.

Qu’en est-il du plan prévu pour relancer la filière avicole ?

Un plan de relance a effectivement été élaboré par le comité de compétitivité, le Minepia et l’Ipavic. Nous attendons toujours mise en œuvre. Aucune action n’a été encore entreprise jusqu’ici.

Quelles stratégies l'Ipavic compte-t-elle déployer pour renforcer la production des éleveurs et autres accouveurs qui n'arrivent pas à se relever?

 Après la précédente crise de la grippe aviaire en 2006, le gouvernement avait aidé la filière, notamment les accouveurs, pour la reconstitution du cheptel des parentaux perdus. Cette fois, la crise est bien plus grave. Cette gravité a même déstabilisé et déstructuré l’ensemble de la filière. Il faudra du temps pour retrouver le niveau de production d’avant mai 2016. Conscients des difficultés économiques auxquelles notre pays fait face et des dépenses liées aux enjeux sécuritaires dans le septentrion, nous exhortons le gouvernement à se pencher très sérieusement sur ce problème.
Michèle FOGANG

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