Rencontre d'échanges: Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement au GICAM

Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement au GICAM

 (LEGICAM) Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement Son Excellence Joseph DION NGUTE a personnellement présidé, ce mardi 18 mai 2021 au siège du GICAM à Douala, la rencontre d’échanges avec les chefs d’entreprises sur le Plan de Reconstruction et de Développement des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Le Chef du Gouvernement

était accompagné pour la circonstance du Coordonnateur du Plan Présidentiel de Reconstruction et de Développement des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, des Présidents des Conseils régionaux de ces deux Régions et du Représentant Résidant du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) au Cameroun.

Evènement inédit, la descente du Chef du Gouvernement a mobilisé, malgré le contexte de crise sanitaire, une centaine de personnalités de premier plan du monde de l’entreprise notamment les Membres du Comité des Sages et du Conseil d’Administration du GICAM, les Présidents des organisations du secteur privé, les responsables d’entreprises localisées dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les représentants des Syndicats de travailleurs et des entreprises stratégiques de certaines des filières.

La rencontre a également connu la participation des autorités de la Région du Littoral et de la ville de Douala.

Dans son mot de bienvenue, le Président du GICAM, Monsieur Célestin TAWAMBA a souligné le caractère inédit de la rencontre car jamais en 64 années d’existence, le GICAM n’avait été honoré de la visite d’un Chef du Gouvernement. Cette visite, qu’il a qualifiée d’historique, témoigne ainsi de l’accessibilité de l’actuel Chef du Gouvernement, mais également marque son attachement au développement du secteur privé.

Abordant le thème de la rencontre, le Président du GICAM a rappelé l’importance économiques des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dont le rôle de grenier a sérieusement été affecté par la crise sécuritaire qui y sévit depuis quatre ans. Cette crise a également poussé à l’agonie des entreprises emblématiques telles que la CDC, PAMOL, CTE et fragilisé la quasi-totalité des secteurs d’activités. Ses répercussions se sont propagées bien au-delà des Régions concernées générant des manques à gagner chiffrés en centaines de milliards de F CFA, des pertes massifs d’emplois et une fortement dégradation de la situation sociale avec la multiplication des poches de précarités dont l’un des corollaires est la montée des actes de violence, de banditisme et de vandalisme.

Au regard de leur rôle moteur dans le développement, de leur positionnement en tant que creusets de l’intégration nationale et reflets de la diversité du peuple camerounais, les entreprises ont tout intérêt à voir la crise réglée et la paix restaurée. Aussi, le Président du GICAM a insisté sur la nécessité d’adjoindre aux options sécuritaires et politiques qui ont montré leurs limites, la composante économique de manière à passer des statistiques sur le nombre de victimes aux statistiques sur le nombre d’emplois créés.

Pour cela, il a solennellement confirmé l’engagement des entreprises à s’impliquer dans la reconstruction et le développement des deux régions meurtries malgré la perplexité, le scepticisme et parfois l’amertume qu’elles éprouvent au regard de certaines considérations. Le Président n’a pas manqué d’énumérer quelques garanties et mesures complémentaires indispensables pour booster l’élan citoyen des entreprises. 

Le Président du GICAM a terminé son propos en réitérant l’appel à la contribution à l’endroit des entrepreneurs et chefs d’entreprises pour un effort de paix et à l’endroit du Premier Ministre pour renforcer la compétitivité des entreprises et du pays son engagement.

L’allocution du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, a été l’un des moments forts de cette rencontre. Son Excellence Joseph DION NGUTE a dit le plaisir qui était le sien de partager avec les chefs d’entreprises dont il a rappelé l’importance à travers le poids des contributions du secteur privé aux recettes fiscales et au budget total de l’Etat.

Pour le retour de la paix dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le Premier Ministre a rappelé les mesures politiques et sociales déjà déployées par le Gouvernement. Il a évoqué, entre autres, la création d’une Commission en charge de la promotion du bilinguisme, le recrutement dans la fonction publique de 1000 enseignants bilingues, la libération de plusieurs centaines de personnes détenues pour des infractions commises dans le cadre de cette crise, la création d’une session Common Law à l’ENAM et surtout l’organisation du Grand Dialogue National. Ce Grand Dialogue National a débouché sur des recommandations fortes dont la reconstruction des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Le Plan Présidentiel de Reconstruction et de Développement des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest est la traduction de cette recommandation. A travers ce plan et d’autres initiatives, il s’agit pour le Gouvernement et ses partenaires de relever le défi de l’emploi et de la réinsertion sociale des jeunes dans ces deux Régions sans toutefois oublier les autres huit Régions. L’ampleur de ce défi en fait aujourd’hui une cause nationale. De fait, l’enrôlement des jeunes dans le Groupes armées est favorisé par le chômage massif et il convient en outre d’offrir de nouvelles perspectives à ceux, nombreux d’entre eux, qui ont déjà déposé leurs armes. 

Le Chef du Gouvernement a partagé sa conviction selon laquelle la reprise des investissements à travers des micro-projets pourra inciter ceux qui hésitent encore à sortir de la brousse ; d’où le rôle majeur à jouer par le secteur privé dans le processus de retour à la paix.

Il a appelé les Chefs d’entreprises à prendre leur part dans le processus de reconstruction et le développement durable à travers des investissements dont l’effet multiplicateur induira une relance de la croissance et la création d’emplois en faveur des jeunes.

S’agissant des modalités de leur implication, le Chef du Gouvernement a indiqué que toutes les options étaient ouvertes. Les projets sociaux contenus dans le Plan Présidentiel peuvent être réalisés directement, par le truchement de l’Agence d’exécution qu’est le PNUD ou encore en s’appuyant sur les acteurs locaux, notamment les collectivités territoriales décentralisées et les groupes communautaires.

Conscient de la fragilisation des capacités contributives des entreprises par la crise Covid-19, SEM DION NGUTE a indiqué que le Gouvernement se tenait aux côtés de celles-ci pour les accompagner à travers des dispositifs incitatifs à arrêter dans le cadre de plateformes dédiées. Toutefois, le Gouvernement compte sur la générosité agissante et solidarité remarquable dont secteur privé a toujours su faire preuve.

Pour clore son propos, le Chef du Gouvernement a rappelé que la résolution pacifique de la crise des Régions du Nord-Ouest et du sud-Ouest reste la priorité absolue du Gouvernement et le dialogue demeure l’option privilégiée pour y parvenir.

Les allocutions principales des deux personnalités ont été suivies par la présentation du Plan Présidentiel de Reconstruction et de Développement des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et des micro-projets actuellement projetés dans ces Régions.

Monsieur Paul TASONG, Coordonnateur du Plan Présidentiel de Reconstruction et de Développement des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a entretenu l’assistance sur les généralités économiques de ces Régions, l’impact socio-économique de la crise, la stratégie gouvernementale de la reconstruction et les pistes de contributions possibles du secteur privé.

Les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qui représentent environ 16,3% du PIB sont des bassins agricoles par excellence et se démarquaient, avant la crise, par une floraison des activités touristiques, de transit, d’extraction et l’émergence de startup du numérique. La crise a gravement impacté les activités de production de cacao, café, banane, huile de palme, caoutchouc et même de riz Paddy ; les activités de transformation ; les commerce et services notamment l’hôtellerie, les services bancaires et financiers, la distribution des produits pétroliers ; les finances publiques, l’exécution des investissements publics, et les services sociaux de base, particulièrement la scolarisation. Toutefois, on observe une légère reprise de l’activité depuis 2020 imputable entre autres, aux réponses du Gouvernement à la crise et aux actions de reconstruction entamées dans ces Régions.

Ces actions s’inscrivent dans une stratégie globale étalée sur 10 ans et articulée en trois phases : le relèvement, la reconstruction et le développement. La phase de relèvement actuellement en cours porte sur trois piliers que sont la promotion de la cohésion sociale, la réhabilitation des infrastructures sociales de base et la revitalisation de l’économie locale. Sur un budget initial de 89 milliards de F CFA, 3,5 milliards sont déjà affectés aux travaux de réhabilitation de certaines infrastructures scolaires et sanitaires.

La contribution du secteur privé à la mise en œuvre de ce Plan peut prendre la forme de participation directe à travers le financement ou l’accompagnement dans l’exécution. Elle peut également être envisagée sous forme indirecte dans la sauvegarde du tissu économique local, le réinvestissement et la conduite de projets innovants ou encore la priorité à donner l’emploi des travailleurs locaux.

Le coordonnateur a clos sa présentation en rappelant la priorité que constitue la reconstruction des deux régions, l’indispensable contribution du secteur privé et le rôle de premier plan que devra jouer le GICAM dans le succès de cette œuvre collective.

A la suite du Coordonnateur du PPRD-NOSO, le Professeur FRU ANGWAFOR, Président du Conseil Régional du Nord-Ouest et Monsieur Zacheus BAKOMA ELANGO, Président du Conseil Régional du Sud-Ouest sont passés au pupitre pour présenter les micro-projets susceptibles d’être exécutés dans ces Régions.

Ils ont indiqué que la mobilisation des acteurs communautaires et notamment des jeunes dans les activités à forte intensité de main d’œuvre reste tributaire de la disponibilité des financements. Les Conseils Régionaux sont disposés à s’associer aux entreprises dans un modèle gagnant-gagnant pour créer des opportunités d’emplois pour les jeunes et générer les intrants pour l’agriculture et l’industrie.

Au titre des domaines dans lesquels des activités et investissements sociaux et économiques à haute intensité humaine sont envisagés, ils ont tour à tous cité le traitement des eaux usées, la collecte et le recyclage des déchets ménagers, la construction de ponts et de forages, le reboisement, l’entretien des pistes rurales, la construction de gouttières, la distribution d’intrants agricoles, la distribution de biogaz et bien d’autres. Des opportunités spéciales ont en outre été identifiées dans la Buea Silicon Mountain, la zone de Muyuka et Ekona propice à l’agri-business, la zone urbaine de Kumba, la Ombé free zone ou encore autour des entreprises agro-industrielles déjà installées dans ces Régions.

Dans l’ensemble, ils se sont dits séduits de la volonté du GICAM d’agir et reconstruire ensemble les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et ont manifesté la disponibilité des Conseils Régionaux à agir en partenariat avec les entreprises tout en associant les associations et les communautés de ces deux Régions.

La session des échanges a vu se succéder au pupitre les personnalités ci-après pour des observations et contributions diverses :

  • Monsieur Christophe EKEN, Président de la Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat ;
  • Monsieur Franklin NJIE NGONI, Directeur Général de CDC ;
  • Monsieur André SIAKA, Membre du Comité des Sages du GICAM ;
  • Mme Kate FOTSO, Président Directeur Général de TELCAR COCOA ;
  • Monsieur Emmanuel DE TAILLY, Membre du Conseil d’Administration du GICAM et Directeur Général du Groupe SABC ;
  • Monsieur Alphonse NAFACK, Président de l’APECCAM ;
  • Monsieur Théophile MOULONG, Président de l’ASAC ;
  • Monsieur Eric NJONG, Membre du Conseil d’Administration du GICAM et Directeur Général de BUNS ;
  • Mme Mireille FOMEKONG, Membre du Conseil d’Administration du GICAM et Directrice Générale de ASCESE ;
  • Monsieur Adrien BECHONNET, Président du CCEF ;
  • Monsieur Alain Noël MEKOULOU MVONDO, Directeur Général de la CNPS ;
  • Monsieur Isaac BISSALA, Président de l’UGTC ;
  • Mme Françoise PUENE, Directrice Générale de FRANCO Hôtel ;
  • Monsieur Sévérin TCHOUNKEU, Directeur Général du Groupe La Nouvelle Expression ;
  • Mme Valérie NOUGOUM TCHEDJOU, Présidente de l’Association Les Nouvelles femmes dynamiques Africaines.

Saluant à l’unanimité la venue du Premier au siège du patronat, elles ont abordé, entre autres, les problématiques ci-après directement liées à la reconstruction des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ou touchant des questions connexes :

  • Le préalable et le pré-requis que constituent le retour à la paix et à la cohésion sociale à travers un processus de réconciliation nationale ;
  • La transformation des opportunités de l’agri-business comme base de la stratégie de relance économique pour passer de l’économie de guerre à l’économie de paix ;
  • Les garanties de transparence dans la gestion des fonds qui seront mobilisés par les entreprises ;
  • La prise en compte et l’indemnisation des entreprises privées déjà sinistrées ;
  • La nécessité de mobiliser au-delà des entreprises présentes à la rencontre ;
  • La nécessité de la réhabilitation des mastodontes que sont CDC et Pamol ;
  • L’exigence d’une réhabilitation des infrastructures de base ;
  • La sécurisation des actifs des entreprises de travaux publics ;
  • L’importance de la sensibilisation pour rompre l’instrumentalisation et amener les différents acteurs à placer l’intérêt collectif au-dessus des intérêts individuels ;
  • La création d’une structure locale de ré-assurance pour limiter l’évasion des devises ;
  • La titrisation de la dette intérieure pour dynamiser le marché financier et offrir des véhicules de placement pour l’épargne collectée par les assureurs ;
  • La mise en place de procédures accélérées pour la passation et l’exécution des marchés du PPRD-NOSO ;
  • La mise en place de dispositifs spécifiques pour la promotion des initiatives portées par les femmes ;
  • L’implication d’acteurs indépendants, crédibles et expérimentés dans le suivi et la supervision de l’exécution des projets du PPRD-NOSO ;
  • La mise en place de mécanismes permettant de raccourcir les délais de retour sur investissement pour les investissements réalisés dans ces Régions ;
  • L’assurance sur les risques de destruction du matériel mais aussi pour le personnel des entreprises déployé dans ces Régions ;
  • La mobilisation de ressources foncières par les Conseils Régionaux, leur sécurisation juridique et mise à disposition des investisseurs dans le cadre de partenariats public-privé ;
  • La mise en place d’une plateforme intégrant les travailleurs et les représentants des personnes déplacées ;
  • Etc.

En termes d’annonces de contributions :

  • le Groupe SABC a indiqué être disposé à apporter dans un premier temps un montant de 500 millions de F CFA qui pourra être doublé au gré de l’utilisation de ce premier apport. 
  • Le secteur bancaire est disposé à accompagner les entreprises sinistrées sous réserve d’une lettre de confort de l’Etat pour un montant de 200 milliards de F CFA dans la limite du plafond de couverture fixé par la loi de finances 2021 ;
  • Les assureurs sont prêts à assurer la couverture des entreprises face aux risques d’insécurité et à mobiliser leurs dépôts oisifs de 100 milliards pour financer des investissements dans ces Régions sous réserve de la garantie de l’Etat pour permettre d’admettre ces sommes en représentation de leurs engagements ;
  • Le Groupement des Industries Meunières du Cameroun (GIMC) apportera une contribution de 200 millions de F CFA ;
  • L’Association Les Nouvelles Femmes Dynamiques Africaines s’investira dans la prise en charge et la formation des filles mères célibataires ;
  • FRANCO Hotel a déjà initié une plateforme pour la formation des personnes déplacées internes et entend intensifier les actions dans ce domaine et les étendre sur l’ensemble du territoire national ;
  • Les membres de la Commission Entreprenariat Féminin du GICAM sont disposées à apporter une contribution en matière de renforcement des capacités managériales et entrepreneuriales des femmes de ces Régions ;
  • Les Conseillers du Commerce Extérieur Français (CCEF) et le GPP s’engagent à recruter prioritairement les jeunes du NOSO, notamment dans les stations-services avec des possibilités rapides de reconversion et de progression dans les métiers ;
  • Etc.

Au cours de cette séance s’échanges interactifs, le Premier Ministre a dit partagé l’ensemble des propositions faites notamment concernant le retour à la paix, les opportunités autour de l’agriculture. Il a demandé aux Conseils régionaux de travailler avec les Exécutifs communaux à la maturation des projets présentés avec l’appui de la coordination du PPRD-NOSO. Il a annoncé que des mécanismes financement innovants pour la restructuration des agro-industries CDC et Pamol sont en étude. Le Premier Ministre a reconnu que la persistance de l’insécurité comme frein à l’exécution des travaux mais a partagé son optimisme quand au retour définitif de la paix dans un court horizon.

Selon lui, l’inflexion de la courbe de dégradation des indicateurs économiques observée en 2020 s’explique par le progressif retour de la sécurité mais surtout par la prise de conscience des populations et leur détermination à tourner le dos aux sécessionnistes. L’enclavement explique aujourd’hui pour une grande part la persistance des poches d’insécurité (départements du Lebialem dans le Sud-Ouest, Bui et Momo dans le Nord-Ouest). 

En guise de conclusion, le Premier Ministre Chef du Gouvernement a réitéré la nécessité d’une collaboration public-privé pour permettre à l’économie de donner une chance à la paix à travers la création d’emplois. Il a insisté sur la flexibilité des modalités d’implication des entreprises et sur la transparence des mécanismes de gestion. Il a chaleureusement remercié les entreprises pour leur adhésion à cette initiative de reconstruction inspirée par le Chef de l’Etat.

Au regard de la pertinence des différentes observations, le Chef du Gouvernement a annoncé la mise en place d’une équipe de travail conjointe pour conduire la maturation des projets, les classer par secteur et étudier les différentes propositions faites par les participants et particulièrement la possibilité de la garantie de l’Etat aux entreprises opérant dans ces zones.

Au bout de près de 4 heures de travail, la rencontre s’est achevée par la remise d’un cadeau spécial du GICAM au Premier Ministre, Chef du Gouvernement, une photo de famille et des échanges autour d’un cocktail offert par le GICAM.





 

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