Le gouvernement cherche à réduire des importations de produits cosmetiques

Le gouvernement cherche à réduire des importations de produits cosmetiques(Investir au Cameroun) - Le ministre en charge du commerce au Cameroun, a indiqué que le gouvernement souhaitait trouver rapidement une solution visant à inverser le niveau d'importation des produits cosmétiques dans le pays, a appris l'Agence Ecofin lors d'une rencontre tenue à cet effet le 25 février 2019. « Nous ne pouvons plus continuer d'importer autant, je souhaite personnellement que nous y allions vite et le gouvernement est attentif à ce processus »,
a expliqué Luc Magloire Mbarga Atangana, à ses interlocuteurs du jour. Pour sa part, l'accompagnement gouvernemental ne peut être pertinent que si le secteur et ses acteurs s'organisent suffisamment pour permettre la mise en place de solutions efficaces.

De gros défis tant au niveau de l’environnement que du secteur de production

Des différents échanges, il ressort que ce sera un processus qui connaîtra un certain nombre de défis. Ceux-ci sont différents, selon qu'on soit face à des gros ou des petits producteurs. Une représentante de très petites entreprises du secteur du cosmétique, a indiqué pour sa part, qu'un des problèmes auxquels ils font face est celui de l'emballage. « La faible disponibilité de l'offre locale de packaging nous oblige à nous approvisionner en Chine, pour être tout au moins au niveau de la concurrence. Cela a pour conséquence d’augmenter les coûts de productions, et même là on ne parvient pas à suivre », a-t-elle fait savoir.
Pour un autre gros acteurs de la filière, il y a un défi en termes de labellisation des produits. Le processus de certification pour chaque produit à introduire est assez laborieux et ne permet pas aux investisseurs d'avoir une bonne prévisibilité dans leurs investissements. D'autres participants enfin ont soulevé le mauvais effet de la contrefaçon et de la faiblesses des outils institutionnels pour la combattre. Il est finalement sorti de la rencontre que la chaîne de production des produits cosmétiques au Cameroun n'est pas toujours solidaire. 
Par ailleurs, elle présente selon le gouvernement un faible niveau d’organisation et fait aussi parfois montre d'une méconnaissance des leviers existants pour avancer dans ses différents projets et problèmes. Quelques solutions proposées ont mentionné l'instauration d'une préférence nationale de 30% pour les produits fabriqués localement, la mise en place d'une mercuriale de prix à l'import pour la protection des producteurs locaux. 

Des pistes de solutions qui ne seront pas faciles à mettre en œuvre
Un avis des plus inattendus est venu de la ligue des consommateurs, une des organisations de défense de consommateurs les plus en vue au Cameroun. « Monsieur le ministre, ils sont là aujourd'hui à vous demander des faveurs, alors qu'ils ne font rien pour améliorer la qualité de leurs produits.C'est une mafia qui veut tirer avantage de toutes les opportunités. Le gouvernement ne doit rien leur accorder », s'est exclamé Delors Magellan Kamseu Kamgaing.
Un représentant du ministère de l'économie a indiqué pour sa part qu'aucune intervention de l'Etat n'était possible sans la présence de chiffres clairs en terme de capacité d'offre et de demande. Le ministère des finances lui s'est prononcé sur l'instauration d'une mercuriale, imposant aussi comme préalable, le besoin d'avoir des données qui permettront de procéder à des modifications pertinentes dans la loi des finances.
Pour l’Etat camerounais, la question semble beaucoup plus profonde. Dans un article publié le 15 février par le site www.investiraucameroun.com, il ressortait que les importations de produits de beauté et parfums ont atteint un montant global de 114 milliards sur les trois ans s’achevant fin 2017. « Il est clair pour le gouvernement que cela doit s'arrêter. Notre but est de réduire ces importations, mais évidement, il est aussi important de s'assurer que la protection de la production locale prend en compte les exigences et objectifs de santé publique », a conclu le ministre du Commerce.
Toutefois même si le marché reste important et les opportunités effectives, la rencontre n'a pas abordé des questions essentielles, comme l'environnement des affaires, la capacité de la chaîne de valeur locale à s'approvisionner en intrants locaux de façon efficiente, ou encore l'accès au financement. 
A la fin septembre 2018, seulement un tiers des financements des banques étaient accordés au secteur primaire et à celui de la transformation, contre un tiers pour le secteur des services et du commerce. Aussi, la nouvelle loi fiscale de 2019 augmente la taxe sur les emballages, une décision qui apportera un poids supplémentaire sur les problèmes de packaging soulevés.
Idriss Linge

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