Recherche scientifique : A la découverte d’un jeune talent pluridimensionnel africain : Alex Janvier FANMOE




« L’investissement public devrait être mieux orienté et permanemment entretenu afin d’assurer  la pérennité des équipements/infrastructures et d’enclencher une croissance soutenue de l’investissement privé, gage d’un développement durable. » souligne t-il.


Alex Janvier FANMOE
Alex Janvier  FANMOE vient de publier un article scientifique dans la revue internationale STATECO, qui apporte une contribution au problème de la dualité investissement public et investissement privé au Cameroun. L'auteur polyvalent, par ailleurs Consultant expert, formateur, chercheur innovateur en statistique & économétrie, logistique & économie des transports et plus globalement en sciences économiques et sciences de gestion, reconnaît lui-même que le contexte ayant inspiré ses recherches est celui des efforts du Gouvernement camerounais dans la quête de l'émergence à l'horizon 2035, marqué par l'optimisation de la qualité de la dépense publique et la relance économique.
Cet article ne saurait passer inaperçu dans ce contexte de grandes réalisations et d'opérationnalisation de la Stratégie pour la Croissance et l'Emploi au Cameroun. Ainsi, le "Réseau Conseils pour Entreprendre au Cameroun (E2C Network)", l'a approché pour avoir des échanges sur les objectifs de ses recherches.

E2C Network : Monsieur Alex, votre article vient d'être publié dans la revue internationale STATECO. Quel est votre sentiment après cette reconnaissance ?
AJF : Permettez-moi tout d'abord de vous remercier  pour cette opportunité qui m'est offerte de m'exprimer au sujet de mon article " Investissement public et investissement privé au Cameroun :effet de substitution, de neutralité ou de complémentarité ? ". Cet article (en statistique et économie) a pour cible principale l'Etat, ensuite les entreprises et personnes intéressées par les questions d'investissement, ainsi que les personnes intéressées par la construction mathématique de modèles en économie. L'article est écrit dans les 3 catégories de la classification JEL codes suivante : "Modélisation économétrique, mathématiques, construction de modèles et estimation", "Macroéconomie" et "Economie publique". Il a été publié en juillet 2011 dans la revue française STATECO. STATECO est une revue méthodologique et de recherche dont les éditeurs sont l'Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques de France, AFRISTAT, l'Unité Mixte de Recherche de l'Université Paris-Dauphine, le groupe de recherche DIAL de Paris (en partenariat avec l'Institut de Recherche pour le Développement de France, l'Agence Française de Développement, l'Université de Göttingen d'Allemagne, le Centre International de Formation de l'Organisation Internationale du Travail…). Avec une telle reconnaissance, vous comprenez donc la fierté qui m'anime. Pour maintenant répondre spécifiquement à votre question, cette reconnaissance est un encouragement à travailler davantage dans le but d'aboutir à un développement socioéconomique des pays africains et en particulier du Cameroun.
E2C Network : Qu'est ce qui a motivé la recherche sur ce thème ?
AJF : La théorie de la croissance endogène et la nécessité de promouvoir le secteur privé -considéré aujourd'hui comme le fer de lance de l'économie dans les Etats modernes- imposent désormais à ces Etats en général, et à celui du Cameroun en particulier, de renforcer dans un bon sens l'investissement public afin de catalyser ou d'entraîner l'investissement privé au lieu de l'évincer en se substituant à lui ou de ne pas l'influencer de manière significative. Cela suppose donc qu'une attention particulière soit portée vers une adéquate provision de l'investissement public, car celle-ci fera l'objet d'aiguillon (ou de stimulant) de l'investissement privé.
Une des motivations est le fait que l'effet de l'investissement public (IPU) sur l'investissement privé (IPR) est théoriquement ambigu et indéterminé. Cet effet peut aussi bien être non significatif (effet de neutralité), négatif (effet de substitution ou d'éviction) que positif (effet de complémentarité ou d'entraînement). Par ailleurs, d'autres motivations contextuelles, à savoir le constat de progression graduelle de l'IPU de ces dernières années au Cameroun -susceptible d'être à l'origine d'un effet d'entraînement sur l'IPR-, les plaintes formulées par le Syndicat des Industriels Camerounais et le Groupement Inter patronal du Cameroun au sujet de la non liberté d'investir dans certains secteurs à cause de la présence étatique dans ces secteurs, la tendance de l'Etat à l'imposition de l'activité économique (le seuil maximal d'imposition (18%) dans la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) a été atteint au Cameroun en 2005) qui finance l'IPU au risque de décourager l'IPR, montrent que l'effet d'un accroissement de l'IPU sur l'IPR n'est pas évident a priori. D'autres motivations sont : le constat de la Banque Mondiale qui identifiait, dans la série de sujets qui fâchent, le manque d'infrastructures comme l'un des plus grands handicaps au développement du secteur privé au Cameroun en 1996, et l'augmentation des investissements en termes réels de l'Etat qui avait réagi la même année, notamment à travers les responsables du Ministère des Mines, de l'Eau et de l'Energie et celui des Transports en reconnaissant, lors du Séminaire de présentation du document sur le "Secteur Privé Camerounais", que : " Le problème du Cameroun n'est pas celui de la quantité, mais celui de la qualité ". En outre, l'IPU se finance en partie à travers un déficit budgétaire engendrant un cycle d'endettement qui réduit la capacité de l'Etat à honorer sa dette intérieure. Cela entraîne un appauvrissement des fournisseurs de l'Etat dans un contexte où les marchés financiers ne sont pas développés au Cameroun et de ce fait, un effet potentiellement néfaste sur l'IPR. C'est ainsi que cette étude s'est proposée de mettre en évidence l'influence de l'investissement public sur l'investissement privé au Cameroun.

E2C Network : En quoi votre étude a-t-elle consisté ? Pouvez-vous nous parler des principaux constats relevés ?
AJF : Merci ! Question fondamentale. Afin d'apporter notre modeste contribution au problème de la dualité IPU-IPR, notre étude a consisté à tester économétriquement ce lien dans le cas du Cameroun en s'affranchissant des méthodes habituellement utilisées pour adopter une démarche innovante qui se veut plus globale. Dans un premier temps, nous avons présenté les données et faits stylisés, ensuite l'état de l'art pour enfin concevoir théoriquement et originalement une modélisation complexe de l'investissement. Notre relation entre IPU et IPR au Cameroun s'est avérée formellement semblable à une représentation à correction d'erreur classique et son estimation a fourni deux effets distincts : à court terme (CT), l'IPU exerce un effet de complémentarité sur l'IPR ; tandis qu'à long terme (LT), il est peu favorable (ou il est neutre) vis-à-vis de ce dernier. En effet, l'IPU qui apparaît profitable à la firme médiane en matière d'investissement à CT, s'avère sans effet sur celle-ci après un multiple de 4 ans à cause notamment de la relative faible importance accordée aux Bâtiments et Travaux Publics dans le budget d'IPU, de l'inadéquate provision et du manque d'infrastructures physiques de base, de la dépréciation progressive, de la faible qualité ou du manque d'entretien des équipements publics et surtout des infrastructures de base, manque qui montre que l'effet de l'IPU sur l'IPR est ipso facto transitoire dans le passage du CT au LT et non cumulatif comme on devrait s'y attendre.

E2C Network : Face à ce constat moins reluisant, quelles sont vos suggestions pour une meilleure optimisation de l'investissement au Cameroun et en Afrique en général?
AJF : Il apparaît que la prise en compte des résultats obtenus permettrait non seulement une articulation optimale IPU-IPR en réponse au besoin de performance des entreprises à l'heure de la mondialisation des économies, mais également de promouvoir l'émergence du Cameroun à l'horizon 2035. Nous recommandons entre autres : -qu'il y ait accroissement de la proportion du taux d'investissement public "pure" (i.e. qui sert à l'accroissement de capital physique/formation brute de capital fixe) dans le Budget d'Investissement Public (BIP) au détriment des dépenses connexes (séminaires, études, cérémonies de pose de 1ère pierre, etc.) ; -qu'il y ait éradication de la pratique de la surenchère des projets et biens d'investissement public et que la passation de marchés publics soit davantage dirigée vers le mieux offrant surtout en termes de qualité que de prix, et non vers des réseaux d'amitié ; -que les charges d'entretien des infrastructures soient systématiquement et judicieusement prévus dans tous les projets d'IPU afin d'éviter leur dégradation rapide; -que tous les projets soient inscrits dans le BIP avec études de faisabilité préalables, afin d'empêcher des retards dans l'exécution et la sous-consommation parfois observée des crédits du BIP ; -que l'Etat accorde une plus grande importance aux Bâtiments et Travaux Publics dans le BIP, et notamment aux infrastructures de transport rénovant les structures de l'économie à LT, et à l'étalage/densification des réseaux hydroélectrique, de télécommunications, fluvial, aéroportuaire, et surtout routier (vu que la route est au cœur du développement) ; -qu'il y ait une adéquate provision et un accroissement substantiel du niveau et de la qualité d'infrastructures physiques de base (y compris dans les zones enclavées et milieux ruraux où se focalise en majorité la pauvreté sous ses différentes formes) qui soit proportionnel au taux d'accroissement démographique (et donc bien orienté vers la réduction du déficit énergétique, etc.) et à l'objectif d'émergence du Cameroun à l'horizon 2035 ; -qu'il y ait une promotion de la qualité et un entretien régulier des équipements publics et surtout des infrastructures de base, avec un accent particulier sur les infrastructures de transport communautaires (axe routier et ferré Est-Grand Nord, ports autonomes…) au vu des échanges sous-régionaux énormes provenant ou transitant par le Cameroun. Adopter une démarche pro-qualité des biens d'investissement public, entretenir permanemment ces biens (cas de la digue au Grand Nord du Cameroun où un entretien permanent aurait pu permettre d'éviter la catastrophe d'août 2012) , mieux réglementer les normes de qualité d'infrastructures publiques, ou mieux s'arrimer aux normes internationales en la matière (utilisation des matériaux plus durables en général, à l'instar des pavés par opposition au goudron, à défaut utilisation du goudron de bonne qualité, etc.), institutionnaliser ou systématiser la gestion axée sur les résultats dans tous les services et structures, lutter davantage contre la corruption et améliorer le climat et l'environnement des affaires, promouvoir la responsabilité sociale des entreprises et institutions, l'éthique des affaires et la pratique du management par les valeurs, ainsi que les mécanismes incitatifs et coercitifs de contrôle des dirigeants…, telles sont des mesures phares et recommandations que nous prônons pour le Cameroun, et qui restent valables pour de nombreux pays africains.

E2C Network : Vous personnellement en tant que consultant, quelles solutions disposez-vous pour accompagner l'investissement dans les pays africains ?
AJF : Comme Statisticien et Économiste des transports, nous pouvons, si nous disposons de données statistiques, déterminer les secteurs " à problème " i.e. les secteurs où l'investissement public n'exerce pas un effet d'entraînement substantiel sur l'investissement privé, afin que l'Etat oriente mieux sa politique d'investissement public pour une meilleure optimisation de l'investissement au Cameroun, dans la sous-région où le Cameroun est une plaque tournante, et en Afrique en général. Nous pouvons aider à déterminer la taille d'imposition optimale de l'Etat afin que l'investissement public exerce une influence positive maximisée sur l'investissement privé. Nous pouvons apporter, aux investisseurs privés y compris ceux du secteur spécifique "Investissements Directs Etrangers", un conseil scientifique en investissement et faire une évaluation financière des projets d'investissement, etc.
Et comme Logisticien et Economiste, nous pouvons dimensionner les bâtiments d'investissement et les plateformes logistiques tout en optimisant les surfaces, en rationnalisant les volumes, en déterminant et maîtrisant les temps opératoires, en calculant les coûts d'investissement, d'exploitation, de stockage, de pénurie et en auditant la conception logistique. Nous pouvons déterminer les conteneurs, installations et équipements techniques liés aux bâtiments et processus physiques et d'information, ainsi que les ressources humaines nécessaires. Nous pouvons optimiser l'investissement en immobilier d'entreprise et en infrastructures de transport tout en rationalisant les processus d'approvisionnement, de production, de distribution, de logistique inverse, la qualité du service rendu au client final et en réduisant les coûts, délais et dysfonctionnements. Nous pouvons concevoir, piloter et gérer les processus et toute la logistique et le transport liés aux investissements avec une planification stratégique accompagnée du pilotage opérationnel et adaptatif. Cette gestion concerne aussi la fourniture de matières premières nécessaires à la fabrication, en passant par la gestion des matériaux sur le lieu de fabrication, la livraison aux entrepôts et aux centres de distribution, la gestion des stocks, entrepôts et plateformes, le tri, la manutention et la distribution finale au lieu de consommation, etc.

E2C Network : Pour conclure, pouvez-vous vous présenter brièvement et échanger sur vos ambitions et projets professionnels ?


AJF : Nous allons être très bref à ce sujet. Je suis à la base Licencié ès Sciences Mathématiques de l'Université de Yaoundé I et titulaire d'un diplôme d'Ingénieur Statisticien option Economie de l'Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) de Yaoundé. Tout récemment, j’ai achevé un programme de Master en Gestion Logistique et Transport de l'Institut Sous-Régional Multisectoriel de Technologie Appliquée, de Planification et d'Evaluation de Projets (ISTA) de Libreville au Gabon où j’ai obtenu pour la première fois dans cette institution la mention « Très Bien » –que j’ai réitérée durant tout mon parcours– et le record académique (i.e. moyenne annuelle de 16,77) de l’institution internationale depuis sa création il  y a plus de 30 ans, et surtout où j’ai fait deux innovations scientifiques (un nouvel indicateur scientifique & sa méthode d’estimation, et une nouvelle loi scientifique relative au transport et portant mon nom, laquelle améliore ce que publient des chercheurs d’une des plus grandes institutions financières internationales (dont je préfère taire le nom)) dans mon mémoire de fin d’études bien qu’étant novice dans ce corps de métier. Ce qui m’a d’ailleurs valu entre autres une adhésion précoce (dès la fin de mon Master) à l'Association Internationale de Recherche en Logistique, et simultanément plusieurs invitations sur sélection à diverses conférences internationales organisées en Amérique, Europe et Asie, parmi lesquelles l’invitation après sélection mondiale au colloque mondial de chercheurs d’avant-plan du développement scientifique et de l’innovation technologique en logistique et transport organisé en France par l’association des chercheurs en logistique où je représentais le continent africain. Ladite sélection s’est d’ailleurs faite parmi les professeurs émérites et chercheurs avant-gardistes du monde de la logistique & transport afin d’exposer mes innovations devant un public scientifique international de grand renom (on peut notamment souligner la présence du Canadien Henry MINTZBERG, "Pape" du management moderne et très célèbre en sciences de gestion),...


Concernant le côté professionnel, je suis actuellement Chef de Service à l'Institut National de la Statistique (INS) du Cameroun où j'ai plusieurs années d'expériences au Département en charge des Statistiques Démographiques et Sociales et précédemment à la Division en charge des Enquêtes et Etudes Statistiques auprès des Ménages, et avant cela au Ministère en charge de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire(MINEPAT). Concrètement à l'INS, j'ai participé à divers symposiums, opérations et études, notamment la 2ème conférence des jeunes statisticiens africains ISIbalo organisée en Afrique du Sud en 2010, le Rapport National sur l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) pour la préparation de la présentation du Cameroun à l'Assemblée Générale de l'ONU de l'année 2010 portant précisément sur les OMD, la revue des stratégies du Document de Stratégie de Développement du Secteur Rural au Cameroun, divers rapports nationaux (sur l'Emploi et le Secteur Informel au Cameroun, le travail des enfants au Cameroun, le profil de pauvreté et les conditions de vie des ménages, l'accessibilité aux infrastructures de base, la santé et vaccination au Cameroun, etc.).


Ayant traversé tous ou presque les 4 niveaux de carrières suivants : Jeune diplômé, Expert, Chef de projet/Expert confirmé, Responsable d'équipe, j'aspire à œuvrer pour la compétitivité économique des pays africains et du Cameroun en particulier, sans toutefois renoncer à écrire davantage d'articles scientifiques et faire d’autres découvertes scientifiques, ni à renoncer à mon goût pour les questions philosophiques et la poésie.


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Propos recueillis par Madame Ramatou MBEDEM

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