Recherche scientifique : A la découverte d’un jeune talent pluridimensionnel africain : Alex Janvier FANMOE
Alex Janvier FANMOE, « Investissement public et investissement privé au Cameroun : effet de substitution, deneutralité ou de complémentarité ? », STATECO, Paris, juillet 2011.
« L’investissement
public devrait être mieux orienté et permanemment entretenu afin d’assurer la pérennité des équipements/infrastructures
et d’enclencher une croissance soutenue de l’investissement privé, gage d’un
développement durable. » souligne t-il.
Alex Janvier FANMOE |
Alex Janvier FANMOE
vient de publier un article scientifique dans la revue internationale STATECO,
qui apporte une contribution au problème de la dualité investissement public et
investissement privé au Cameroun. L'auteur polyvalent, par ailleurs Consultant expert,
formateur, chercheur innovateur en statistique & économétrie, logistique & économie des transports et plus globalement en sciences économiques et sciences de
gestion, reconnaît lui-même que le contexte ayant inspiré ses
recherches est celui des efforts du Gouvernement camerounais dans la quête de
l'émergence à l'horizon 2035, marqué par l'optimisation de la qualité de la
dépense publique et la relance économique.
Cet article ne saurait passer inaperçu dans ce contexte de
grandes réalisations et d'opérationnalisation de la Stratégie pour la
Croissance et l'Emploi au Cameroun. Ainsi, le "Réseau Conseils pour Entreprendre au Cameroun (E2C Network)", l'a approché pour avoir des
échanges sur les objectifs de ses recherches.
E2C Network : Monsieur Alex,
votre article vient d'être publié dans la revue internationale STATECO. Quel
est votre sentiment après cette reconnaissance ?
AJF
: Permettez-moi tout d'abord de vous remercier
pour cette opportunité qui m'est offerte de m'exprimer au sujet de mon
article " Investissement public et investissement privé au Cameroun :effet de substitution, de neutralité ou de complémentarité ? ". Cet
article (en statistique et économie) a pour cible principale l'Etat, ensuite
les entreprises et personnes intéressées par les questions d'investissement,
ainsi que les personnes intéressées par la construction mathématique de modèles
en économie. L'article est écrit dans les 3 catégories de la classification JEL
codes suivante : "Modélisation économétrique, mathématiques, construction
de modèles et estimation", "Macroéconomie" et "Economie
publique". Il a été publié en juillet 2011 dans la revue française
STATECO. STATECO est une revue méthodologique et de recherche dont les éditeurs
sont l'Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques de France,
AFRISTAT, l'Unité Mixte de Recherche de l'Université Paris-Dauphine, le groupe
de recherche DIAL de Paris (en partenariat avec l'Institut de Recherche pour le
Développement de France, l'Agence Française de Développement, l'Université de
Göttingen d'Allemagne, le Centre International de Formation de l'Organisation
Internationale du Travail…). Avec une telle reconnaissance, vous comprenez donc
la fierté qui m'anime. Pour maintenant répondre spécifiquement à votre
question, cette reconnaissance est un encouragement à travailler davantage dans
le but d'aboutir à un développement socioéconomique des pays africains et en
particulier du Cameroun.
E2C Network : Qu'est ce qui a
motivé la recherche sur ce thème ?
AJF : La théorie de la croissance endogène et
la nécessité de promouvoir le secteur privé -considéré aujourd'hui comme le fer
de lance de l'économie dans les Etats modernes- imposent désormais à ces Etats
en général, et à celui du Cameroun en particulier, de renforcer dans un bon
sens l'investissement public afin de catalyser ou d'entraîner l'investissement
privé au lieu de l'évincer en se substituant à lui ou de ne pas l'influencer de
manière significative. Cela suppose donc qu'une attention particulière soit
portée vers une adéquate provision de l'investissement public, car celle-ci
fera l'objet d'aiguillon (ou de stimulant) de l'investissement privé.
Une des motivations est le
fait que l'effet de l'investissement public (IPU) sur l'investissement privé
(IPR) est théoriquement ambigu et indéterminé. Cet effet peut aussi bien être
non significatif (effet de neutralité), négatif (effet de substitution ou
d'éviction) que positif (effet de complémentarité ou d'entraînement). Par
ailleurs, d'autres motivations contextuelles, à savoir le constat de
progression graduelle de l'IPU de ces dernières années au Cameroun
-susceptible d'être à l'origine d'un effet d'entraînement sur l'IPR-, les
plaintes formulées par le Syndicat des Industriels Camerounais et le Groupement
Inter patronal du Cameroun au sujet de la non liberté d'investir dans certains
secteurs à cause de la présence étatique dans ces secteurs, la tendance de l'Etat
à l'imposition de l'activité économique (le seuil maximal d'imposition (18%) dans la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) a été atteint
au Cameroun en 2005) qui finance l'IPU au risque de décourager l'IPR, montrent
que l'effet d'un accroissement de l'IPU sur l'IPR n'est pas évident a priori.
D'autres motivations sont : le constat de la Banque Mondiale qui identifiait,
dans la série de sujets qui fâchent, le manque d'infrastructures comme l'un des
plus grands handicaps au développement du secteur privé au Cameroun en 1996, et
l'augmentation des investissements en termes réels de l'Etat qui avait réagi la
même année, notamment à travers les responsables du Ministère des Mines, de
l'Eau et de l'Energie et celui des Transports en reconnaissant, lors du
Séminaire de présentation du document sur le "Secteur Privé
Camerounais", que : " Le problème du Cameroun n'est pas celui de la
quantité, mais celui de la qualité ". En outre, l'IPU se finance en partie
à travers un déficit budgétaire engendrant un cycle d'endettement qui réduit la
capacité de l'Etat à honorer sa dette intérieure. Cela entraîne un
appauvrissement des fournisseurs de l'Etat dans un contexte où les marchés
financiers ne sont pas développés au Cameroun et de ce fait, un effet potentiellement
néfaste sur l'IPR. C'est ainsi que cette étude s'est proposée de mettre en
évidence l'influence de l'investissement public sur l'investissement privé au
Cameroun.
E2C Network : En quoi votre
étude a-t-elle consisté ? Pouvez-vous nous parler des principaux constats
relevés ?
AJF : Merci ! Question
fondamentale. Afin d'apporter notre modeste contribution au problème de la
dualité IPU-IPR, notre étude a consisté à tester économétriquement ce lien dans
le cas du Cameroun en s'affranchissant des méthodes habituellement utilisées
pour adopter une démarche innovante qui se veut plus globale. Dans un premier
temps, nous avons présenté les données et faits stylisés, ensuite l'état de
l'art pour enfin concevoir théoriquement et originalement une modélisation
complexe de l'investissement. Notre relation entre IPU et IPR au Cameroun s'est
avérée formellement semblable à une représentation à correction d'erreur
classique et son estimation a fourni deux effets distincts : à court terme
(CT), l'IPU exerce un effet de complémentarité sur l'IPR ; tandis qu'à long
terme (LT), il est peu favorable (ou il est neutre) vis-à-vis de ce dernier. En
effet, l'IPU qui apparaît profitable à la firme médiane en matière
d'investissement à CT, s'avère sans effet sur celle-ci après un multiple de 4
ans à cause notamment de la relative faible importance accordée aux Bâtiments
et Travaux Publics dans le budget d'IPU, de l'inadéquate provision et du manque
d'infrastructures physiques de base, de la dépréciation progressive, de la
faible qualité ou du manque d'entretien des équipements publics et surtout des
infrastructures de base, manque qui montre que l'effet de l'IPU sur l'IPR est
ipso facto transitoire dans le passage du CT au LT et non cumulatif comme on
devrait s'y attendre.
E2C Network : Face à ce
constat moins reluisant, quelles sont vos suggestions pour une meilleure
optimisation de l'investissement au Cameroun et en Afrique en général?
AJF : Il apparaît que la
prise en compte des résultats obtenus permettrait non seulement une
articulation optimale IPU-IPR en réponse au besoin de performance des
entreprises à l'heure de la mondialisation des économies, mais également de
promouvoir l'émergence du Cameroun à l'horizon 2035. Nous recommandons entre
autres : -qu'il y ait accroissement de la proportion du taux d'investissement
public "pure" (i.e. qui sert à l'accroissement de capital
physique/formation brute de capital fixe) dans le Budget d'Investissement
Public (BIP) au détriment des dépenses connexes (séminaires, études, cérémonies
de pose de 1ère pierre, etc.) ; -qu'il y ait éradication de la pratique de la
surenchère des projets et biens d'investissement public et que la passation de
marchés publics soit davantage dirigée vers le mieux offrant surtout en termes
de qualité que de prix, et non vers des réseaux d'amitié ; -que les charges
d'entretien des infrastructures soient systématiquement et judicieusement
prévus dans tous les projets d'IPU afin d'éviter leur dégradation rapide; -que
tous les projets soient inscrits dans le BIP avec études de faisabilité
préalables, afin d'empêcher des retards dans l'exécution et la
sous-consommation parfois observée des crédits du BIP ; -que l'Etat accorde une
plus grande importance aux Bâtiments et Travaux Publics dans le BIP, et notamment
aux infrastructures de transport rénovant les structures de l'économie à LT, et
à l'étalage/densification des réseaux hydroélectrique, de télécommunications,
fluvial, aéroportuaire, et surtout routier (vu que la route est au cœur du
développement) ; -qu'il y ait une adéquate provision et un accroissement
substantiel du niveau et de la qualité d'infrastructures physiques de base (y
compris dans les zones enclavées et milieux ruraux où se focalise en majorité
la pauvreté sous ses différentes formes) qui soit proportionnel au taux
d'accroissement démographique (et donc bien orienté vers la réduction du
déficit énergétique, etc.) et à l'objectif d'émergence du Cameroun à l'horizon
2035 ; -qu'il y ait une promotion de la qualité et un entretien régulier des équipements
publics et surtout des infrastructures de base, avec un accent particulier sur
les infrastructures de transport communautaires (axe routier et ferré Est-Grand
Nord, ports autonomes…) au vu des échanges sous-régionaux énormes provenant ou
transitant par le Cameroun. Adopter une démarche pro-qualité des biens
d'investissement public, entretenir permanemment ces biens (cas de la digue au
Grand Nord du Cameroun où un entretien permanent aurait pu permettre d'éviter
la catastrophe d'août 2012) , mieux réglementer les normes de qualité
d'infrastructures publiques, ou mieux s'arrimer aux normes internationales en
la matière (utilisation des matériaux plus durables en général, à l'instar des
pavés par opposition au goudron, à défaut utilisation du goudron de bonne
qualité, etc.), institutionnaliser ou systématiser la gestion axée sur les
résultats dans tous les services et structures, lutter davantage contre la
corruption et améliorer le climat et l'environnement des affaires, promouvoir
la responsabilité sociale des entreprises et institutions, l'éthique des
affaires et la pratique du management par les valeurs, ainsi que les mécanismes
incitatifs et coercitifs de contrôle des dirigeants…, telles sont des mesures
phares et recommandations que nous prônons pour le Cameroun, et qui restent
valables pour de nombreux pays africains.
E2C Network : Vous
personnellement en tant que consultant, quelles solutions disposez-vous pour
accompagner l'investissement dans les pays africains ?
AJF : Comme Statisticien et Économiste des transports, nous pouvons, si nous disposons de données statistiques, déterminer
les secteurs " à problème " i.e. les secteurs où l'investissement
public n'exerce pas un effet d'entraînement substantiel sur l'investissement
privé, afin que l'Etat oriente mieux sa politique d'investissement public pour
une meilleure optimisation de l'investissement au Cameroun, dans la sous-région
où le Cameroun est une plaque tournante, et en Afrique en général. Nous pouvons
aider à déterminer la taille d'imposition optimale de l'Etat afin que
l'investissement public exerce une influence positive maximisée sur
l'investissement privé. Nous pouvons apporter, aux investisseurs privés y
compris ceux du secteur spécifique "Investissements Directs Etrangers",
un conseil scientifique en investissement et faire une évaluation financière
des projets d'investissement, etc.
Et comme Logisticien et
Economiste, nous pouvons dimensionner les bâtiments d'investissement et les
plateformes logistiques tout en optimisant les surfaces, en rationnalisant les
volumes, en déterminant et maîtrisant les temps opératoires, en calculant les
coûts d'investissement, d'exploitation, de stockage, de pénurie et en auditant
la conception logistique. Nous pouvons déterminer les conteneurs, installations
et équipements techniques liés aux bâtiments et processus physiques et
d'information, ainsi que les ressources humaines nécessaires. Nous pouvons
optimiser l'investissement en immobilier d'entreprise et en infrastructures de
transport tout en rationalisant les processus d'approvisionnement, de
production, de distribution, de logistique inverse, la qualité du service rendu
au client final et en réduisant les coûts, délais et dysfonctionnements. Nous
pouvons concevoir, piloter et gérer les processus et toute la logistique et le
transport liés aux investissements avec une planification stratégique
accompagnée du pilotage opérationnel et adaptatif. Cette gestion concerne aussi
la fourniture de matières premières nécessaires à la fabrication, en passant
par la gestion des matériaux sur le lieu de fabrication, la livraison aux
entrepôts et aux centres de distribution, la gestion des stocks, entrepôts et
plateformes, le tri, la manutention et la distribution finale au lieu de
consommation, etc.
E2C Network : Pour conclure, pouvez-vous vous
présenter brièvement et échanger sur vos ambitions et projets professionnels ?
AJF : Nous allons être
très bref à ce sujet. Je suis à la base Licencié ès Sciences Mathématiques de
l'Université de Yaoundé I et titulaire d'un diplôme d'Ingénieur Statisticien
option Economie de l'Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie
Appliquée (ISSEA) de Yaoundé. Tout récemment, j’ai achevé un programme de
Master en Gestion Logistique et Transport de l'Institut Sous-Régional
Multisectoriel de Technologie Appliquée, de Planification et d'Evaluation de
Projets (ISTA) de Libreville au Gabon où j’ai obtenu pour la première fois dans
cette institution la mention « Très Bien » –que j’ai réitérée durant tout
mon parcours– et le record académique (i.e. moyenne annuelle de 16,77) de
l’institution internationale depuis sa création il y a plus de 30 ans, et surtout où j’ai fait
deux innovations scientifiques (un nouvel indicateur scientifique & sa
méthode d’estimation, et une nouvelle loi scientifique relative au transport et
portant mon nom, laquelle améliore ce que publient des chercheurs d’une des
plus grandes institutions financières internationales (dont je préfère taire le
nom)) dans mon mémoire de fin d’études bien qu’étant novice dans ce corps de
métier. Ce qui m’a d’ailleurs valu entre autres une adhésion précoce (dès la
fin de mon Master) à l'Association Internationale de Recherche en Logistique, et
simultanément plusieurs invitations sur sélection à diverses conférences internationales
organisées en Amérique, Europe et Asie, parmi lesquelles l’invitation après sélection
mondiale au colloque mondial de chercheurs d’avant-plan du développement
scientifique et de l’innovation technologique en logistique et transport organisé
en France par l’association des chercheurs en logistique où je représentais le
continent africain. Ladite sélection s’est d’ailleurs faite parmi les professeurs
émérites et chercheurs avant-gardistes du monde de la logistique &
transport afin d’exposer mes innovations devant un public scientifique
international de grand renom (on peut notamment souligner la présence du
Canadien Henry MINTZBERG, "Pape" du management moderne et très célèbre
en sciences de gestion),...
Concernant le côté professionnel,
je suis actuellement Chef de Service à l'Institut National de la Statistique
(INS) du Cameroun où j'ai plusieurs années d'expériences au Département en
charge des Statistiques Démographiques et Sociales et précédemment à la
Division en charge des Enquêtes et Etudes Statistiques auprès des Ménages, et
avant cela au Ministère en charge de l'Economie, de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire(MINEPAT). Concrètement à l'INS, j'ai participé à
divers symposiums, opérations et études, notamment la 2ème conférence des
jeunes statisticiens africains ISIbalo organisée en Afrique du Sud en 2010, le
Rapport National sur l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) pour la préparation de la présentation du Cameroun à
l'Assemblée Générale de l'ONU de l'année 2010 portant précisément sur les OMD,
la revue des stratégies du Document de Stratégie de Développement du Secteur
Rural au Cameroun, divers rapports nationaux (sur l'Emploi et le Secteur
Informel au Cameroun, le travail des enfants au Cameroun, le profil de pauvreté
et les conditions de vie des ménages, l'accessibilité aux infrastructures de
base, la santé et vaccination au Cameroun, etc.).
Ayant traversé tous ou presque les 4 niveaux de carrières
suivants : Jeune diplômé, Expert, Chef de projet/Expert confirmé, Responsable
d'équipe, j'aspire à œuvrer pour la compétitivité économique des pays africains
et du Cameroun en particulier, sans toutefois renoncer à écrire davantage
d'articles scientifiques et faire d’autres découvertes scientifiques, ni à
renoncer à mon goût pour les questions philosophiques et la poésie.
Découvrez l'article ici
Pour joindre l'auteur par mail
Propos recueillis par Madame
Ramatou MBEDEM
Commentaires
Enregistrer un commentaire