Oubliez les points faibles et les points forts de vos collaborateurs, misez sur leur « point enviable »
(HBR France) Il est d’usage de travailler sur ses faiblesses. Or, ce sont surtout ses points forts qu’il faut développer, notamment ceux qui nous motivent le plus.
L’auteur britannique et conférencier Marcus
Buckingham expliquait, il y a quelques années, que 77% des Américains
et 87% des Français passaient plus de temps sur les mauvaises notes de
leurs enfants que sur les bonnes. Force est de constater qu’en
entreprise également, la tendance générale est de vouloir faire
progresser les salariés là où ils ont des lacunes ou peu de
prédispositions. Plutôt que de se focaliser sur leurs points forts pour
qu’ils deviennent encore meilleurs dans les domaines qu’ils apprécient
et qu’ils maîtrisent. Pourquoi cette tendance est-elle si lourde ? La
raison est simple : il est tentant, pour progresser, de passer son temps et son énergie à corriger ses points faibles,
appelés pudiquement des « points d’amélioration ». Nous savons pourtant
tous que c’est en définitive laborieux, source de peu de satisfaction
et de fierté personnelle et que le résultat est rarement au niveau des
espérances. L’équation du succès pourrait donc se résumer à :
compétences x temps investi = performance. Si vous avez un niveau de
compétences en anglais de 2 sur 5 et que sur une échelle de temps de 1 à
5, vous consacrez 5 unités de temps à l’anglais, vous arriverez à une
performance de 2 x 5 = 10. En revanche, si vous avez un niveau de
compétences de 4 sur 5 en espagnol et que vous consacrez les mêmes 5
unités de temps à l’espagnol, vous arrivez à un niveau de performance de
4 x 5 = 20. Soit le double de performance avec, à la clé, plus de
plaisir et surtout, en général, moins d’efforts. Par conséquent, un
manager averti aura à cœur de faire travailler ses collaborateurs sur
leurs points forts pour qu’ils en fassent des points d’excellence. La
théorie du psychologue John Stacey Adams s’applique parfaitement dans
ce contexte : si les apports/résultats semblent/sont supérieurs aux
efforts, ils démultiplient la motivation. A l’inverse, si un manager se
concentre uniquement sur les points faibles, le collaborateur pourrait
vivre le phénomène inverse : les efforts demandés
semblant supérieurs aux bénéfices qu’il peut en tirer, il sera très vite
démotivé.
Au-delà de cette dichotomie points
forts/points faibles, les managers peuvent agir sur deux autres points,
moins connus que les précédents, mais sources de beaucoup plus de
motivation :
– Le point incontournable : c’est le point à développer, qui met en danger votre employabilité à moyen ou à long terme.
Prenons l’exemple d’un architecte qui n’utiliserait pas les outils de
visualisation en 3D, ou celui de l’assistante de direction d’un grand
groupe du CAC 40 qui ne parlerait pas anglais. Le point incontournable
est une compétence cruciale pour son avenir. Le collaborateur comprend
parfaitement l’idée d’un investissement fort lorsqu’il s’agit d’une
question de « survie ».
– Le point enviable : c’est le point qu’on admire chez l’autre. C’est celui qui attire positivement à l’identique d’un nudge en marketing.
Tout manager devrait ainsi poser la question suivante à chacun des
membres de son équipe : « Quel point fort observes-tu chez d’autres
aimerais-tu acquérir ? » Pour obtenir une réponse à cette question, le
lien managérial doit être sincère, responsable et adulte. La capacité à
obtenir une réponse à cette question, ou même à y répondre, est la
meilleure note de baromètre social existant : « J’ai suffisamment
confiance dans l’entreprise, dans mon manager, pour répondre à cette
question ». Une réponse du type « J’adore la façon dont X prend la
parole en public ou j’adore les synthèses écrites de Y » permet de
choisir un point d’amélioration réellement motivant pour le
collaborateur. Le plan d’action associé, une fois co-construit,
démultipliera l’engagement et les efforts de votre collaborateur pour
progresser. Nous ne sommes pas dans la logique du manager disant à son
collaborateur « Tu devrais faire comme X » mais dans une relation
inversée, ou le collaborateur exprime les points forts, le point
enviable qu’il aimerait acquérir. La différence est ce volontarisme, qui
est source de motivation et de satisfaction
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