« L’exécution de l’investissement public a été laborieuse en 2017 »

Responsive imageIsaac Tamba, Directeur général de l’Economie et de la Programmation des investissements publics au MINEPAT.

(Cameroon Tribune)Comment évaluez-vous l’exécution du budget 2017?

Il est globalement satisfaisant si l’on en juge par les niveaux qui ont été les nôtres en 2014, au moment où le chef de l’Etat s’insurgeait face à la mauvaise exécution du budget d’investissement public (BIP). Mais, de notre point de vue et par rapport aux objectifs
que nous nous sommes fixés l’année dernière, on ne peut pas juger ce taux satisfaisant dans la mesure où nous étions à près de 95% l’année dernière et cette année (ndlr : en 2017) nous sommes à 91%. Donc, il y a un recul en glissement annuel de l’ordre de 4 points par rapport à l’année dernière, alors que l’objectif qui nous était assigné était la maximisation.

Sur le terrain, quels sont les principaux obstacles à l’exécution du BIP ?

On peut comprendre que l’exécution de l’investissement public a été assez laborieuse en 2017 pour des raisons comme la conjoncture que nous vivons depuis 2016, qui s’est amplifiée en 2017 avec de nouveaux taux de croissance qui sont loin de ceux que nous avions espérés en début d’année. Il y a également des difficultés liées à la mise en œuvre des réformes dans le cadre du Programme économique et financier que nous avons conclu avec le FMI, lesquelles reformes ont impacté sur un certain nombre d’indicateurs macroéconomiques qui ont fait en sorte que le niveau d’exécution physique que nous observons au 31 décembre 2017 est en corrélation avec le niveau d’exécution financière. Parce que, pour mieux comprendre ce niveau d’exécution physique, il est bon de le mettre en parallèle avec les trois niveaux d’exécution financière que sont l’engagement, la liquidation et l’ordonnancement. En ce qui concerne l’exécution financière, nous avons des baisses parfois de l’ordre de dix points, ce qui est quand même important et vu sous cet angle, nous pouvons quand même nous satisfaire du taux d’exécution physique de 91%.


Qu’est-ce qui est donc prévu pour remonter la pente ?

Le ministre de l’Économie a instruit la mise en place d’un groupe de travail chargé justement de mettre à jour le guide de maturation des projets élaboré en 2010, qui a été actualisé en 2014 et que nous allons réactualiser pour tenir compte des différentes évolutions que nous observons depuis 2015 et 2016. Sur les autres questions liées à la faible exécution du BIP, il y a un dispositif qui est mis en place et ce dispositif, nous allons veiller à ce qu’il soit suivi par nos différents services tant au niveau déconcentré qu’au niveau central. Je tiens à rappeler que les crédits à gestion centrale représentent plus de 80% et c’est à ce niveau qu’on a observé un fléchissement assez important. Vous avez des administrations qui enregistrent un taux d’exécution de 0%, ce qui n’est pas normal et nous allons à ce niveau tout faire pour que les cadres de concertation institués par décision conjointe du MINEPAT et du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, soient effectifs. Nous avons d’autres arguments que nous allons faire valoir tout au long de cette année 2018 et qui sont liés à la qualité de l’investissement public, mais aussi à l’impact. Parce que l’investissement public doit servir à transformer des situations ou bien des conditions initiales et à l’avenir, des enveloppes allouées à l’investissement public le seront en fonction de l’évaluation que nous faisons de l’atteinte de ces objectifs.

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