Innovation: le Cameroun a ses premiers drones

« Nos ambitions sont mondiales »

Responsive image(Cameroon Tribune) Les faits
La première expérience du genre mise à l’épreuve vendredi dernier à Yaoundé.
«Impossible n’est pas Camerounais ». La phrase a été bien choisie par le ministre des Postes et Télécommunications (MINPOSTEL), Minette Libom Li Likeng, vendredi dernier à Yaoundé, pour apprécier les prouesses technologiques des jeunes Camerounais.
La dernière en date, la présentation par William Elong,
des premiers drones fabriqués sur le sol camerounais, à Douala précisément. A la tête de l’entreprise Will & Brothers, le jeune de 24 ans vient de concevoir trois drones qui vont à coup sûr révolutionner le quotidien de ses compatriotes.
Il s’agit d’un drone à voilure fixe avec une portée de 20km et plus de 45 minutes d’autonomie baptisé Algo, d’un drone hexacoptère baptisé Logarithm et d’un drone terrestre baptisé Sanaga.
Pilotés à distance, ces « smartphones à hélice » vont notamment permettre de numériser la planète en haute résolution et en temps réel, le tout de manière plus sécurisée et plus continue.
Au cours de la présentation officielle de ces drones, le Minpostel a apprécié à sa juste valeur le savoir-faire et le génie créateur des startups camerounaises dans un domaine aussi pointu que la conception, le montage et la commercialisation de drones.
« William Elong et toute son équipe se sont engagés avec courage et audace dans un domaine qui jusqu’à date, était le monopole des pays développés », souligne Minette Libom Li Likeng. Et grâce à leur trouvaille, le Cameroun se positionne comme le premier concepteur de drones en Afrique noire.
Cette victoire marque la traduction dans les faits du discours du chef de l’Etat à la Jeunesse le 10 février 2016. Discours dans lequel Paul Biya encourageait les jeunes à capter les atouts de l’économie numérique, pour en faire un moteur de croissance et un levier de développement.
« Le numérique, c’est le secteur d’avenir et une porte ouverte pour tous les jeunes. Même si vous n’êtes pas un expert en TIC, vous pouvez y arriver et devenir un entrepreneur du numérique », conclut Minette Libom Li Likeng.

L'explication

William Elong, Chief Executive Officer de Will & Brothers.
Qu’est-ce que qui fait la particularité des drones que vous venez de développer ?
Nos drones sont faits localement. En matière de contrôle de données, on n’a pas une maîtrise de la façon dont les informations contenues dans les drones fabriqués par les étrangers sont traitées. Parfois, elles sont exportées ou stockées à l’étranger. Or, nous avons un contrôle total sur la partie logicielle de notre produit. Ensuite, ils coûtent moins cher, car les coûts de production sont plus bas (ressources humaines, ingénieurs, etc.). S’il faut acheter un drone à l’étranger, il y a les frais de transport ou encore les frais de douane à payer. Tout cela disparaît. L’autre point est la maintenance. Si on achète un drone ailleurs, on est obligé de faire venir une expertise étrangère pour assurer la maintenance, le suivi et tout cela coûte plus cher. L’avantage d’avoir des Africains qui proposent des drones à d’autres Africains, c’est que premièrement on a la connaissance du terrain. Donc, on conçoit des drones contextualisés en termes de coûts, de technologies et de savoir-faire. Ensuite, la maintenance et le suivi sont assurés par des équipes locales.

Quels sont vos différents prototypes et à quoi servent-ils ?
Nous avons trois drones phares : un drone à voilure fixe avec une portée de 20km et plus de 45 minutes d’autonomie baptisé Algo, un drone hexacoptère baptisé Logarithm et un drone terrestre baptisé Sanaga en hommage à la culture de notre pays. Dans le drone Algo qui est notre produit phare, nous pouvons embarquer une myriade de capteurs. On peut embarquer par exemple des caméras multispectrales qui permettront aux exploitants d’une bananeraie, de compter exactement en un seul vol, le nombre de plants à 5 cm de précision de l’exploitation agricole. Nos applications sont disponibles. Dans le secteur de la défense, il faut savoir que le coût de l’unité d’un drone peut dépasser un milliard de F. Mais, nous avons divisé le prix par 25. Nous les fabriquons sur mesure. Il suffit de décrire le type de drone que vous voulez, les caractéristiques techniques et en deux semaines, vous avez le produit. 

Que prévoit la suite de votre projet?
Nos ambitions sont mondiales. L’idée est que les drones fabriqués au Cameroun soient utilisés partout. Que ce soit en Europe, aux Etats-Unis, en Asie. Surtout que les enjeux technologiques aujourd’hui n’ont plus de frontières. Si des fabricants étrangers peuvent venir en Afrique, il n’y a aucune raison que les entreprises africaines n’aillent pas vers le reste du monde. L’avenir de l’humanité est dans l’intelligence artificielle. Concevoir des drones était juste la première étape.  Je vous annonce la création de Cyclop, une intelligence artificielle qui permet de détecter automatiquement des personnes, des objets ou même des animaux. C’est vrai que nous sommes confrontés à quelques difficultés, parce que malheureusement, tous les composants ne sont pas encore faits au Cameroun. C’est notre principal challenge. L’idée à moyen terme est de réussir à produire le plus de composants possible localement.  
Gibrile KENFACK TSABDO

 

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