CNUCED : L’Afrique doit mieux exploiter son potentiel dans le secteur des services

Le commerce des services en Afrique, s’il était mieux mis à profit, pourrait engendrer des bénéfices considérables en matière de croissance, d’emploi et de développement économique. C’est en substance le message principal du Rapport 2015 sur le développement économique en Afrique, publié jeudi 9 juillet par la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED).
Intitulé « Libérer le potentiel du commerce
des services en Afrique pour la croissance et le développement », le rapport souligne l’importance du secteur des services dans un nombre croissant d’économies africaines. De 2009 à 2012, ce secteur a affiché un taux de croissance de 4,6 pourcent en Afrique, avec un dynamisme particulier pour les sous-secteurs des transports, de l’entreposage et de la communication. Pendant la même période, les services ont constitué le principal moteur de la croissance dans 30 dans 54 pays que compte le continent.
Pourtant, malgré ces tendances encourageantes, la part de l’Afrique dans le commerce mondial des services reste extrêmement faible. « L’Afrique abrite 15 % de la population mondiale, mais ne représente que 2,2 % des exportations mondiales de services, ce qui signifie que le potentiel du secteur est largement sous-exploité », a  affirmé Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la CNUCED, à l’occasion du lancement du rapport. La CNUCED estime donc que beaucoup reste à faire pour tirer le meilleur parti des possibilités économiques qu’offre ce secteur.

Promouvoir la cohérence des politiques à l’échelle continentale
Afin de mieux capitaliser sur le potentiel du secteur des services, la CNUCED souligne qu’un élément crucial réside dans l’harmonisation des politiques nationales et régionales relatives au commerce des services. À travers un bref inventaire de ces politiques aux niveaux national, régional, continental et mondial, le rapport révèle l’existence de multiples strates de politiques et de réglementations qui apparaissent déconnectées. « L’Afrique doit remédier au déphasage des politiques relatives au commerce des services pour pouvoir libérer le potentiel de ce secteur pour la croissance et la transformation économique du continent », a déclaré Kituyi.
Dans cette optique, la CNUCED estime notamment que les négociations en vue d’établir une zone de libre-échange continentale – qui ont été lancées le 15 juin 2015 (voir Passerelles, 16 juin 2015) –  constituent une opportunité unique d’harmoniser les politiques nationales, régionales et internationales en la matière. De plus, comme l’a souligné Kituyi, « une zone de libre-échange continentale n’aura d’impact pour l’Afrique que si l’ouverture du commerce des marchandises s’accompagne d’une ouverture du commerce des services et ce, parce que les services (notamment les services de transport et d’entreposage), sont indissociables du commerce des marchandises ».

Le rôle primordial des services liés aux infrastructures
En particulier, la CNUCED estime qu’une amélioration de la règlementation des services d’infrastructure – transports, télécommunications, eau, énergie et assainissement – relève de la nécessité. Selon le rapport, si les services n’ont jusque-là pas été en mesure d’assurer la transformation structurelle requise pour que le continent puisse se développer en fonction de ses besoins, c’est précisément à cause de l’insuffisance des infrastructures africaines.
Le rapport souligne qu’à l’heure actuelle, divers problèmes en matière de réglementations et de politiques subsistent dans le domaine des services d’infrastructures, ce qui engendre d’importantes inefficacités et empêche l’Afrique de tirer le plein parti de ce secteur. En conséquence, les services relatifs aux infrastructures restent couteux et de mauvaise qualité, lorsqu’ils ne sont pas tout simplement inexistants.
Pourtant, les services d’infrastructures sont d’une importance cruciale pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) pour l’après-2015 – certains figurant même parmi les ODD – et pour la création des conditions d’une croissance diversifiée en Afrique. De fait, ces services influent directement sur la compétitivité des exportations africaines, et il est donc primordial que les réglementations et les politiques dans le domaine s’efforcent de mieux cibler les actuels dysfonctionnements du marché, notamment concernant l’accès, la qualité, le coût et la concurrence.
Enfin, le rapport de la CNUCED insiste également sur l’importance du secteur des services financiers. Dans ce domaine également, une harmonisation des cadres réglementaires nationaux, régionaux et multilatéraux est préconisée. Des progrès ont d’ores et déjà été effectués dans le cadre de certaines communautés économiques régionales, mais ils nécessitent une meilleure mise en application.

Rapport ICTSD; "L’harmonisation des politiques nationales et régionales africaines relatives au commerce des services favoriserait l’emploi et la croissance", CNUCED; "Exploiter le potentiel du secteur africain des services passe par une amélioration de la règlementation des services d’infrastructure", CNUCED.
Source: www.ictsd.org

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