Le retour triomphal des héroïnes

Par Angèle BEPEDE, Cameroon Tribune
retour-lionnesHuitième de finaliste pour son premier Mondial, la sélection nationale de football féminin a regagné le Cameroun hier dans la liesse.
Visages fermés, cernes renforcées, elles portent le poids du voyage. 16h de vol, en plus des escales (deux jours de voyage) et voici les Lionnes du football de retour à la maison.
Il est 20h05 min lorsque dans le groupe une joueuse lance« Home, Sweet home ». La mine
se détend peu à peu. Le tapis rouge est déroulé. Les Lionnes sont accueillies en héroïnes. Huitièmes de finalistes au 7e Mondial, Canada 2015 (6 juin au 5 juillet), elles ont connu une expérience épique. Arsenal de princesses donc, pour les recevoir. D’abord un ministre de la Promotion de la femme et de la Famille, Marie Thérèse Abena Ondoa ravie de ces filles qui devraient davantage s’investir. Roger Milla, ensuite, très actif…Il y a aussi ces familles qui sont là, à attendre. Parlant de famille, Nolan, 15 mois, est là, tout de vert vêtu. Dossard 9 de sa mère mis en exergue. Nolan ? C’est le fils de Madeleine Ngono Mani, doyenne de la sélection.
A la maison, elles nagent dans le bonheur. Des groupes de danse, fanfare de l’Injs et même le très convoité bus des Lions indomptables a été mis à disposition. Des messages de sympathie pleuvent sur des pancartes. Pour la plupart, c’est le rêve. Titularisée en sélection pour ses débuts lors de la première sortie des Lionnes (contre l’Equateur, 6-0), Géneviève Ngo Mbeleck, milieu de terrain, a la tête dans les nuages. D’abord pour ce choix du coach, en plus, pour cet accueil à la maison. Entrée triomphale, riverains euphoriques devisant sur quelques séquences de matchs. Christine Patience Manie, capitaine rigoureuse, retrouve quelques moments. Evocation : « Cet accueil me fait penser à notre retour de Namibie. Nous sommes vraiment émues ». « Je ne peux décrire ce que je vis », raconte une autre. Blessée contre la Suisse, Cathy Bou Djouh va mieux. D’ailleurs, elle avait hâte de se retrouver à la maison après la sortie en 1/8es de finale. Chez les Lionnes, pas de fête ce soir. « Nous avons besoin de repos. Je suis exténuée. Je n’ai même pas la force de parler », confie Ngono Mani qui trouve néanmoins le réconfort, dans le regard de son fils. Et le petit, le lui prouve bien à travers des câlins.
Toute coupe du monde a sa belle histoire. L’héroïne de 2015, c’est Gaëlle Déborah Enganamouit. Le milieu de terrain des Lionnes, utilisée souvent à la pointe de l’attaque, a envoyé le Cameroun d’entrée, « au paradis ». Et au pays, le public le lui rend bien. Son nom est sur toutes les lèvres. Avec elle, on veut des photos, voire des vidéos. On est donc fou de Gabrielle Enganamouit (17), Gabrielle Aboudi Onguene (7), Madeleine Ngono Mani (9), Christine Patience Manie (2), Ngock Yango (10)…Bref, on est fou de toute l’équipe. D’ailleurs, les passagers du vol Air-France ayant partagé leur vol se sentaient, pour certains, privilégiés. Pour elles hier soir, les supporters ont quitté les quartiers même les plus insoupçonnés de la ville. Messassi, Olembe, Bastos notamment. Pas de liens familiaux avec des joueuses ou un membre de l’encadrement technique, mais juste cet amour, né lors de leur passage à Vancouver et Edmonton notamment. Daniel est l’un de ces personnages. Parti de Bastos, il est là pour Enganamouit. « C’est une joueuse que j’ai découverte pendant le Mondial. Je suis fou de son jeu. En plus, elle me fait penser à l’un de mes joueurs préférés. Après l’aéroport, je les suivrai au Mont Fébé », raconte-t-il, l’air enjoué. Plus loin, c’est Sylvain Etogo qui venait confirmer une chose : « sont-elles véritablement des filles ? »Parce que pour lui, d’après ses proches, les filles ne peuvent pas jouer au football comme ces Lionnes-là. « Ce sont de merveilleuses ambassadrices du Cameroun, incroyablement sympathiques, cela me remplit de fierté », a déclaré une fan. Des marées humaines sont donc sorties pour ces Camerounaises qui ont rejoint l’hôtel Mont Fébé. D’après des informations, c’est hier soir qu’elles devaient percevoir leurs primes, soit 21, 5 millions F chacune. Mais le repos sera bref puisque dans près de deux semaines, elles affronteront le Ghana en match- aller, qualificatif pour les Jeux olympiques de 2016. Et ce n’est pas fini.

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