France: Comment lever les freins de la création chez les étudiants



Soutenir la création d’entreprise chez les jeunes et faciliter l’entrepreneuriat étudiant : un thème dans l’air du temps. Mais comment lever les freins auxquels ils sont confrontés ? Pistes et témoignage.
Toutes les conditions sont réunies pour permettre aux étudiants d’entreprendre. Le gouvernement a officialisé
le statut d’étudiant entrepreneur.  Chez les jeunes, l’envie de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale les titille… et pourtant ils n’osent pas.
Audencia, l’école de commerce de Nantes spécialisée en management, fait le point sur ces questions avec un livre blanc sur “ L’entrepreneuriat étudiant : propositions pour lever les freins à l’entrepreneuriat étudiant en France”. Celui-ci propose des solutions pour aider les étudiants à entreprendre.
Les auteurs y soulignent que « si un quart des 18-24 ans affirme avoir envie de créer un jour leur entreprise, seuls 3% des jeunes passent à l’acte ». Et donc ? « Il était pour nous important de cerner ces difficultés avec précisions afin de trouver des réponses à ces freins et de les aider à les surmonter », explique Vincent Lefebvre, professeur en entrepreneuriat, qui a “chapeauté” l’audit.
Peur de l’échec et manque de réseaux
D’autant plus que la trentaine de propositions et de recommandations qui en résulte est le fait d’étudiants de l’école. « Ils y ont en effet travaillé en se basant sur leurs propres expériences et attentes dans ce domaine », précise le professeur. Dans le “baluchon des freins ” se trouvent, en vrac, la peur de l’échec, le manque d’expériences et de réseaux face à des entrepreneurs plus âgés et plus expérimentés dont les compétences rassurent les investisseurs. Il faut rajouter, parfois, le manque de soutien de la part des établissements supérieurs. « Pourtant les choses changent depuis deux ans ! De plus en plus d’écoles encouragent et accompagnent leurs étudiants dans ce sens. Les premières promotions qui sortent de leurs cursus tournés vers l’entrepreneuriat sont là pour donner l’exemple », nuance Vincent Lefebvre.
Mentors et formations à la levée de fonds
Le statut d’étudiant-entrepreneur donne, en effet, un cadre et une légitimité juridique à ceux qui veulent se plonger dans la création d’entreprise. Mais cela ne suffit pas. Les élèves d’Audencia ont donc proposé des pistes pour permettre à leurs congénères de passer du désir d’entreprendre à l’action.
Quelques pistes :
Par exemple, des fonds d’amorçage pourraient être créés au sein des écoles ou universités – provenant des réseaux des business angels et ceux des anciens élèves- pour aider les étudiants à se lancer. Le livre Blanc met également en avant la nécessité de leur trouver des référents, sorte de mentors que les élèves pourraient solliciter. Un autre point clé : les former à la levée de fonds pour approcher, convaincre et contractualiser avec les business angels. En tout, trente pistes concrètes qui pourraient servir de repères pour mettre en place des actions ciblées.
Quand les écoles s’y mettent
Romain Favennec est actuellement élève en première année à Télécom Ecole de Management mais aussi Président de Sprint-Junior-Entreprise, la Junior-Entreprise de son école ainsi que de celle de Télécom Sud Paris. Pour rappel, les Juniors-entreprises ont le statut d’association loi 1901. Elles sont gérées par des étudiants et fonctionnent comme des cabinets de conseil en réalisant des missions pour des entrepreneurs. Romain Favennec, donc, voit une réelle volonté de son école de pousser ses élèves vers la voie de l’entrepreneuriat. «Dès la première année, nous avons des cours dans ce domaine. Tout est fait pour nous encourager à créer nos propres projets. Il est maintenant possible de transformer nos périodes de stages en projet de création d’entreprise. L’école aménage nos cursus pour qu’on puisse y arriver ». Selon lui, être baigné et se sentir soutenu par l’établissement aide beaucoup à lever les freins et à oser à franchir le pas de la création. Et pour aller encore plus loin dans cette démarche, il espère que le modèle de la Junior-Entreprise (166 actuellement en France regroupées au sein de la Confédération nationales des Juniors-Entreprises), prenne de l’ampleur au sein des universités. « Une proposition de loi a été déposée début juin à l’Assemblée Nationale (NDLR : puis transmises à la Commission des Affaires culturelles)  afin d’améliorer le statut des Juniors-Entreprises. Les étudiants ont besoin de signaux forts pour vraiment s’engager », conclut-il.

Profils d’intra-entrepreneurs
« C’est un phénomène de fonds qui va prendre de plus en plus d’ampleur. Si tous les étudiants ne deviennent pas des entrepreneurs, ils seront des intra-entrepreneurs au sein de leurs entreprises. Ils ont cette capacité de penser en mode projets, une agilité à mobiliser les ressources, à traquer les opportunités et à les saisir. Il y a partout de ces profils qui ont des compétences transversales et dont il faut maintenant tenir compte », affirme Vincent Lefebvre. Ce livre a déjà le mérite de lever les freins psychologiques et les idées reçues liées, peut-être, à la complexité apparente de la démarche. C’est déjà un bon début !

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