Devoir de mémoire: Le Musée national rouvre officiellement ses portes

Par Augustin FOGANG, Cameroon Tribune
Le Musée national rouvre officiellement ses portes au grand public demain. On a tout lieu de dire : à la bonne heure ! Parce que l’événement était attendu, depuis la fermeture en 2009 pour réfection d’une infrastructure alors en pleine décrépitude. Parce que l’absence d’un tel lieu, dédié à la conservation et à la promotion du riche patrimoine culturel national,
était d’autant plus criante qu’elle a longtemps privé les nombreux visiteurs, tant étrangers que camerounais de passage dans la cité capitale, d’avoir un aperçu de cette « Afrique en miniature » que constitue le Cameroun. Parce que les générations actuelles et futures de notre pays ne sauraient se construire et construire le futur sans prendre appui sur les repères abondamment fournis par notre patrimoine culturel matériel et immatériel. Parce que, avec le maréchal français Ferdinand Foch, force est de reconnaître qu’« un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ».
Le Musée national constitue déjà en lui-même un lieu de mémoire. L’édifice qui l’abrite n’est autre que l’ancien palais présidentiel. Au corps central de l’immeuble, construit en 1932 par l’administration française, ont été rajoutées après l’indépendance des ailes latérales, en respectant le style architectural d’origine. Le premier chef de l’Etat camerounais l’a occupé jusqu’en 1981. Une tranche chargée de l’histoire nationale, qu’une visite de cet ancien haut lieu d’exercice du pouvoir permet, mieux qu’à travers les récits livresques, de revivre. C’est donc à ce palais, à l’histoire déjà fort riche, que le chef de l’Etat, Paul Biya a décidé, aux termes du décret du 18 septembre 1988, de conférer le statut de Musée national. Le moins qu’on puisse dire, c’est que d’une pierre, la décision présidentielle a ainsi fait deux coups : ouvrir au grand public les portes de l’ancien palais présidentiel, tout en offrant aux articles du patrimoine culturel national un meilleur écrin d’exposition que l’ancienne résidence construite de 1996 à 1899 par Hans Dominik, gouverneur allemand de la ville de Yaoundé, bâtiment désuet et discrètement située à l’arrière de hauts bâtiments ministériels.
A tout seigneur tout honneur, à la faveur de la célébration des 32 ans de magistrature suprême du président Paul Biya, qui a du reste décidé de l’affectation de l’ancien palais présidentiel comme Musée national, le ministère des Arts et de la Culture y a organisé, en prélude à la réouverture officielle, des journées portes ouvertes du 6 au 9 novembre 2014, avec des visites guidées gratuites. L’engouement manifesté durant ces quatre jours par le public, à raison de 5000 visiteurs par jour, est révélateur de l’irrépressible besoin des Camerounais de s’abreuver aux sources de notre patrimoine culturel.
La réouverture demain du Musée national doit être saluée à sa juste valeur. Reste à mettre en place une structure de gestion suffisamment outillée pour pérenniser le fonctionnement de cette infrastructure majeure de notre culture. A cet égard, des perspectives prometteuses s’annoncent, avec la vision stratégique du MINAC qui, à travers une fondation à but non lucratif recevant des contributions de donateurs, devrait permettre au Musée national d’engranger des devises pour sa survie. Pour autant, le Musée national relooké est loin de constituer une fin en soi. Il s’agit d’une étape sur le chemin encore long de la sauvegarde et de la valorisation des nombreuses et diverses richesses du patrimoine culturel national>>>

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