Découverte du Cameroun: Quels touristes sommes-nous ?

Par Josiane TCHAKOUNTE, Cameroon Tribune
Chaque année, trois destinations, trois villes du Cameroun où Eric O., la trentaine, dépose ses valises pour souffler, le temps de ses congés. « C’est automatique ! », rappelle celui qui se définit comme un touriste, au sens plein du terme. Il y a trois ans, Eliane J., a entrepris ce qu’elle appelle « une découverte » dans la partie septentrionale du pays. « Il fallait que je visite cette zone dont j’entendais seulement parler », confie-t-elle.
Frais d’hôtel, de déplacement, de restauration et autres loisirs, la semaine qu’elle y a passée, s’est avérée courte, mais lourde en dépenses. Malgré la note salée, « je ne regrette rien, sauf de n’être pas allée plus loin, faute de moyens », confie la jeune dame. Par plus loin, Eliane J. veut parler des Monts Rhumsiki ou du parc de Waza, qu’elle aurait bien aimé découvrir. « Ce sera pour une autre fois », promet-elle.
Les Camerounais vivant au Cameroun qui se déplacent dans un lieu autre que leur environnement habituel sont considérés comme des touristes. Quelqu’un qui quitte Buea (dans le Sud-Ouest) pour des funérailles à Edéa dans le Littoral est considéré comme touriste. Il s’agit dans ce cas de tourisme interne. A côté de ceux qui, consciemment, pratiquent une activité touristique pour la détente et le loisir, la majorité reste des « touristes qui s’ignorent ». Car selon le ministère du Tourisme et des Loisirs, « aller en mission c’est faire du tourisme, se rendre à des funérailles aussi», explique Samuel Mbe, directeur de la Promotion du tourisme et des sites touristiques. Et d’ajouter : « Le tourisme intérieur relève de la compréhension des citoyens d’un pays de ce qu’est le tourisme. » Il reste encore difficile pour l’heure d’évaluer le nombre de touristes appartenant à cette catégorie. Toutefois, ils pourraient se compter en millions.
Pour beaucoup de Camerounais, le tourisme reste un produit de luxe dont la pratique serait l’exclusivité des bourses nanties. Pas totalement faux. Car, qui dit tourisme, dit frais de transport, frais d’hébergement, frais de restauration plus activités connexes (visites, cabarets, parcs de loisirs), bref, dépenses. Soit ! Pourtant, malgré ce qui peut être présenté comme de nombreux blocages, « le tourisme intérieur se porte très bien », affirme Samuel Mbe. L’un des indicateurs qui atteste de la bonne santé du tourisme intérieur au Cameroun, ce sont les statistiques hôtelières. D’après le Mintoul, le taux d’occupation des hôtels est réalisé à 80% par les Camerounais.
Au Mintoul, on est conscient de ce qu’une bonne promotion du tourisme en interne constitue aussi un socle de promotion à l’international. Le 07 août dernier, alors qu’il présidait la 10e session ordinaire du Conseil national du Tourisme, le Premier ministre, chef du gouvernement, Philemon Yang, abordant spécifiquement le tourisme interne, « a rappelé l’intérêt lié à sa promotion, au vu de ses retombées réelles sur l’économie, notamment en termes de création d’emplois, d’amélioration des revenus des populations locales et de rentabilité des entreprises touristiques ».
Les ambitions du pays sont connues : accueillir au moins deux millions de touristes internationaux et 6 millions de touristes internes par an à l’horizon 2020.
En dépit de la situation sécuritaire préoccupante aux frontières terrestres des régions de l’Extrême-Nord et de l’Est qui affecte cette activité, la découverte du Cameroun a fait récemment l’objet d’une réelle publicité avec le passage des délégués (environ 700) prenant part aux travaux de la Commonwealth Parliamentary Association et plus récente (08 au 15 octobre 2014), du Beau Vélo de Ravel du Bout du monde qui a vu une quarantaine de touristes belges sillonner à vélo, une dizaine de sites touristiques.
Au niveau interne, des actions sont menées en vue de promouvoir la pratique du tourisme et partant cultiver la culture touristique. Outre les dispositions prises pour renforcer le dispositif sécuritaire aux zones frontalières,>>>

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