Billets d’avion pour fonctionnaires, priorité à Camair-Co

Une instruction du Minfi, suite à la surenchère constatée lors des transactions avec les agences de voyage. 
Par Olivier OKOLE, Cameroon Tribune, 04-06-2014
Les agents publics qui devront désormais voyager au compte de l’Etat, sont astreints à acquérir leurs billets d’avion auprès des compagnies de transport aérien et non plus dans les agences de voyage. C’est une instruction du ministre des Finances, récemment rendue publique par voie de presse. La correspondance d’Alamine Ousmane Mey, adressée aux contrôleurs financiers, aux chefs de poste comptables du Trésor
et aux receveurs municipaux, se fait encore plus précise : « Aussi ai-je l’honneur de vous prescrire, à l’occasion de vos contrôles, de n’accepter désormais que les offres de billets d’avion émis par les compagnies de transport aérien, en vous assurant de l’exigence d’acquérir ces titres en priorité auprès de la compagnie nationale de transport aérien (NDLR Camair-Co) sur les itinéraires qu’elle dessert directement ou indirectement, le recours aux autres compagnies ne pouvant se justifier que sur les lignes non-couvertes par celle-ci ». Des instructions claires, qui interviennent en réaction à des déviances pratiques constatées et décriées par le Minfi.
Il s’agit notamment de surenchère, gonflement de factures et autres faux en écriture, qui étaient devenus monnaie courante, généralement perpétrés par les gestionnaires de crédits, avec la complicité des agences de voyage. Les missions et voyages par avion étant conçues comme des privilèges de « grands », la pratique, de source proche du Minfi, avait même déjà atteint certaines sphères les plus hautes de l’appareil gouvernemental, des entreprises d’Etat, des communautés locales décentralisées, etc. Il n’était donc pas rare qu’un billet d’avion ayant coûté 200 000 F soit facturé trois fois plus cher, voire davantage, au grand dam du contribuable.
Cette pratique, selon la correspondance du Minfi, a des conséquences prévisibles sur la trésorerie de l’Etat. Il est évident que « l’érosion prématurée » des ressources affectées aux voyages, lorsqu’elle n’apporte pas une « contrepartie réelle et équivalente », freine l’évolution des programmes, surtout si la ligne budgétaire vient à s’épuiser avant le temps indiqué. C’est donc à juste titre que la sortie d’Alamine Ousmane Mey va au-delà du constat et des instructions, pour envisager la coercition : « Des contrôles stricts seront diligentés en vue de sanctionner toute transgression des présentes instructions, qui sont d’application immédiate… »

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