3 550 milliards de F à mobiliser pour l'agriculture

Par Olivier OKOLE, Cameroon Tribune, 9-4-2014
Le Plan national d’investissement agricole du Cameroun a été validé mercredi dernier à Yaoundé.
Il faut peut-être aller chercher dans l’exposé improvisé du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Essimi Menye, pour comprendre tous les enjeux du passage souhaité d’une agriculture à la lisière de l’artisanal, vers un système industriel. Le « patron » de l’agriculture au Cameroun, qui a présidé mercredi dernier à Yaoundé les travaux de validation du Plan national d’investissement agricole (PNIA), s’est longuement appesanti sur tous les bénéfices possibles au sein de toute la chaine de valeurs de la filière
(du chercheur qui développe les semences à l’exportateur des produits manufacturés, en passant par l’ouvrier agricole, le conducteur de tracteur, le spécialiste phytosanitaire, l’industriel qui transforme, etc. avec un retour certain d’investissement pour le financier…), si le système agricole du Cameroun passait de l’artisanal au moderne. Ceci est une vision, voire un vœu pieux, que le Cameroun, selon Essimi Menye, s’attelle à traduire en réalité palpable, d’ici 2035.
Selon tous les orateurs et exposants de la cérémonie de mercredi, une partie de réponse à cette aspiration pourrait être la mise en œuvre effective du PNIA. Le document d’un peu plus de 70 pages propose en effet des axes de développement basés sur quatre domaines : le développement des filières de production (végétales, animales, halieutiques et forestières) ; la modernisation des infrastructures de production et l’élaboration des mécanismes d’accès aux financements ; la gestion et la valorisation durable des ressources naturelles ; le renforcement des capacités des acteurs et la promotion de la concertation. Il faudra, pour mettre en œuvre ce plan étalé sur sept ans (2014-2020), mobiliser autour de 3 550 milliards de F. Tout ceci avec pour objectif d’inverser une tendance à l’inflation, dans un pays pourtant doté d’un fort potentiel agricole.
A ce sujet, il est rapporté que les exportations de produits de rente et forestiers (cacao, café, coton, banane, bois, etc.) rapportent annuellement environ 550 milliards de F au Cameroun. Malheureusement, en même temps, le pays doit importer pour la même valeur et parfois plus, en riz, farine de blé, poisson, etc. Il faut donc pouvoir rattraper le gap et même passer à l’exportation non pas seulement de matières brutes, mais surtout de produits manufacturés, à forte valeur ajoutée. Après l’aval gouvernemental obtenu mercredi, le PNIA devra tout de même encore passer par la validation du Nepad et de la Ceeac, avant la tenue d’un « business meeting », qui devrait consacrer le démarrage effectif de ce programme.

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