Décentralisation: la dernière ligne droite
Par Armand ESSOGO, Cameroon Tribune, 05-03-2014
Le
ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation
(MINATD) a engagé en février dernier par Douala, la capitale économique,
une série de formations à l’intention des maires, secrétaires généraux de mairie et autres receveurs municipaux. Garoua
et Bamenda ont abrité des sessions similaires avec un même objectif :
permettre aux maires de s’approprier les textes qui encadrent la
décentralisation. Le processus est entré en vigueur en janvier 2010 avec
les premiers transferts de compétences et de ressources. L’objectif du
gouvernement étant de permettre à toutes les populations camerounaises
de palper les bienfaits du développement local.
Seulement
sur le terrain, l’expérience de la mise en œuvre de ce processus trahit
des dysfonctionnements. Tous les acteurs n’ont pas toujours la même
compréhension du processus. Est-ce pour éviter les lenteurs actuelles
que les maires, les secrétaires généraux de mairie et les receveurs
municipaux sont soumis à un recyclage sur la gestion budgétaire et
comptable des collectivités territoriales décentralisées, l’exécution et
le contrôle du budget communal ? Il y a forcément un lien. Surtout que
le Minatd a mis les experts de la direction générale du Trésor, le Pndp
ainsi que le Feicom à contribution. Jusque-là, on a aussi noté que le
personnel ciblé bénéficie d’une remise à niveau en vue de l’amélioration
de sa connaissance du cadre légal de la décentralisation. La maîtrise
des processus de transfert des ressources et la capacité à mobiliser les
fonds et à les gérer participent également des modules de formation.
Qu’est-ce qui peut bien justifier un tel déploiement du Minatd alors que
l’option de la décentralisation est irréversible ?
Pour
nombre d’observateurs, si personne ne remet plus en question la
décentralisation, il reste cependant vrai que tout le monde ne
l’accompagne pas au même rythme. Aux résistances observées dans
certaines administrations centrales s’ajoute la faible propension des
acteurs de terrain à s’approprier le contenu des lois d’orientation de
la décentralisation de 2004. Il y est pourtant clairement mentionné que
l'Etat transfère aux collectivités territoriales décentralisées des
compétences nécessaires à leur développement économique, social,
sanitaire, éducatif, culturel et sportif. Il convient toutefois de
relever que l’effectivité du transfert nécessite la mise à la
disposition des collectivités territoriales décentralisées des
ressources humaines, matérielles et financières idoines. Ces ressources
financières sont dévolues aux collectivités territoriales décentralisées
soit par transfert de fiscalité, soit par dotation, soit par les deux
mécanismes à la fois. La pratique semble jusqu’ici montrer que tous les
intervenants ne maîtrisent pas encore ces dispositions pertinentes de la
loi.
D’où le sentiment d’une partie de l’opinion que la décentralisation coince.>>>
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