Livre: réflexions sur le métier de juriste

Par Marilyne NGAMBO, Cameroon Tribune, 10-10-2013
L’ouvrage « Qu’est-ce être juriste ? » d’Alain Didier Olinga parcourt les rouages de la profession.
Une bibliographie dense, un cocktail d’ouvrages, de thèses, d’articles et de contributions diverses pour éclairer sur la profession de juriste. « Qu’est-ce être juriste ? », l’ouvrage d’Alain Didier Olinga paru aux éditions Clé touche la profession de juriste en son cœur. D’entrée de jeu, il s’interroge sur l’identité de cet expert du droit, à « ce qu’il est plus qu’à ce qu’il croit être » et présente le juriste comme un bon lecteur du texte, un quasi-maniaque de la règle de droit général, outil de base de son travail.
L’auteur poursuit la description en se référant à une définition du Petit Larousse illustré qui désigne le juriste comme une personne qui « pratique » le droit. Partant de là, Alain Didier Olinga déduit qu’il ne suffit pas « d’avoir appris le droit, il faudrait le pratiquer». Raison pour laquelle dans le chapitre « Le juriste adepte d’un code méthodologique », il explique que le mot juriste renvoie à une variété de professionnels : ceux qui se livrent à la connaissance du droit positif, à ceux qui enseignent le droit ou à ceux qui l’exploitent à des fins de conseil, de consultation, d’expertise
Au gré de ses lectures, Alain Didier Olinga, maître de conférences en Droit public à l’université de Yaoundé II, mentionne les attributs du juriste. Notamment sa finesse, sa subtilité analytique, son respect de la forme, sa capacité à rattacher un élément particulier à la cohérence générale du système juridique considéré. Le juriste a aussi le sens de la précision et de la minutie, il est soucieux d’exactitude. Et à l’auteur d’ajouter : « Le juriste est un homme au service de la paix, de la liberté et des droits des personnes, de la solidarité, de la protection de la vie. » Même si, un peu plus loin dans l’ouvrage, Alain Didier Olinga interroge le rapport du juriste aux valeurs avant de déboucher sur son utilité sociale, sa légitimité. Ainsi, en reprenant le Pr Francis Delpérée et Pierre Pactet, il explique que l’exercice honnête de la fonction de juriste constitutionaliste impose de « préserver l’expression des finalités morales contenues dans la Constitution et la loi».
Alain Didier Olinga, chef du département de Droit international à l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric), pense également que la dignité du juriste consiste à faire en permanence un travail de dogmatique réfléchie par une éthique exigeante. En gros, à faire ce qu’il a appelé une « dogmatique éthique ». Notion qu’il détaille amplement dans « Plaidoyer pour une dogmatique éthique ». A l’issue de ses analyses, l’auteur lance un appel à préserver l’âme du juriste en ce temps de marchandisation de l’expertise juridique.

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